(Montréal) Quatre noyades en quatre jours sont survenues au Québec. Lundi, un homme de 21 ans était toujours dans un état critique après avoir été retrouvé inconscient dans une piscine municipale de l’arrondissement d’Anjou, à Montréal. L’évènement ravive les inquiétudes de parents du secteur, où les cours de natation ont été difficilement accessibles ces dernières années.

Les policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sont intervenus vers 3 h 35. Ils ont été appelés en lien avec une possible noyade dans la piscine publique du parc Roger-Rousseau, située à l’intersection du boulevard Châteauneuf et de l’avenue Rondeau.

Selon nos informations, c’est la conjointe du jeune homme qui a alerté les secours.

« Les agents ont dû sauter dans l’eau pour porter secours à la victime, un homme de 21 ans », précise la porte-parole Mariane Allaire Morin. Des manœuvres de réanimation ont été entamées. La scène est maintenant protégée, alors que le jeune homme se trouve dans un état critique.

« Nous craignons présentement pour sa vie », a ajouté l’agente Allaire Morin.

Une enquête est en cours pour éclaircir les circonstances entourant ce tragique évènement.

Le casse-tête des cours de natation

Pour Jasmine Meliani, mère d’une fillette de 6 ans, le manque d’accessibilité des cours de natation ne date pas d’hier. Elle tente de trouver une place pour son enfant depuis 2018. Dès 9 h, elle se connecte pour réserver une plage horaire. « En quelques secondes, tout est déjà complet. »

Les noyades des derniers jours lui rappellent l’importance d’apprendre à nager dès l’enfance.

Elle songe désormais à se rendre à Repentigny ou à Pointe-aux-Trembles, où il semble y avoir plus de possibilités.

Je ne trouve pas ça normal que ma fille ne sache pas nager dans le coin profond. Moi, à 5 ans, j’étais bien meilleure en natation qu’elle l’est présentement.

Jasmine Meliani, mère d’une fillette de 6 ans

La résidante d’Anjou a déjà averti les moniteurs du camp de jour de sa fille : pas question pour la petite de se baigner en eau creuse.

« On me dit qu’elle n’est pas la seule dans cette situation. »

Ce manque d’accessibilité l’inquiète. Aucun enfant, même avec la vigilance d’adultes responsables, n’est à l’abri d’une noyade, souligne-t-elle.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

La clôture entourant la piscine publique du parc Roger-Rousseau mesure moins de 1,85 m.

« En tant que parent, tu veux que ton enfant sache nager. C’est une sécurité. »

Maribèle Gagnon, elle aussi résidante d’Anjou, a opté pour cette solution : sortir de Montréal.

Ses enfants fréquentent le centre aquatique Le Gardeur, à Repentigny.

« Malheureusement, l’offre de la ville d’Anjou et des environs n’était pas à la hauteur de nos attentes. »

Lila Moula a eu plus de chance. Elle a trouvé de la place pour ses trois enfants à Saint-Léonard. « La plage horaire laissait à désirer, mais je n’ai pas eu le choix. Je ne trouvais rien », explique la mère de famille qui habite Anjou.

Ça m’a pris plusieurs essais, car quand tu te connectes le matin, ça part en quelques minutes comme si c’était un tirage pour le gros lot.

Lila Moula, mère de trois enfants

Sans compter que la méthode d’inscription n’est pas simple. Il faut avoir un minimum de connaissances en français pour arriver à inscrire l’enfant. Les plages horaires offertes requièrent un horaire flexible.

« Je ne sais pas si une majorité de nouveaux arrivants peuvent se le permettre. »

Nouvelle réalité

« C’est la réalité qu’on a présentement au Québec. Les parents sont plus conscientisés, ils veulent inscrire leurs enfants, mais il n’y a plus de places », se désole Raynald Hawkins, de la Société de sauvetage.

Il faut augmenter l’offre de service et donc construire plus de piscines publiques, selon lui. Il faudrait aussi devancer l’ouverture pour les rendre accessibles plus tôt : à la mi-mai plutôt qu’à la mi-juin.

« C’est le temps d’y penser. Ça permettrait aux moniteurs de commencer à travailler plus tôt. Commencer son travail d’été le 23 juin, ce n’est pas attrayant pour un cégépien ou un universitaire. »

L’autre problème : le manque de main-d’œuvre engendré par les restrictions liées à la pandémie. « Pendant deux ans, on n’a pas formé de moniteurs. Les gens se sont aussi réorientés. »

Repenser les clôtures ?

Faudrait-il des clôtures plus hautes aux mailles plus étroites ? Selon les observations de La Presse, la clôture entourant la piscine où est survenu l’évènement de lundi mesure moins de 1,85 mètre. Pas un défi pour un adolescent ou jeune adulte motivé à grimper. La hauteur minimale des clôtures ceinturant les aires de baignade est de 1,20 mètre, selon la réglementation de la Ville de Montréal. « Ça ne fait pas tant de différence. Les gens grimperont. Il va falloir faire de la prévention et de l’éducation et de la sensibilisation », nuance toutefois Raynald Hawkins, de la Société de sauvetage.