(Ottawa) L’une des figures de proue du « convoi de la liberté » qui a paralysé le centre-ville d’Ottawa durant trois semaines l’hiver dernier devra demeurer en prison en attendant son procès. Tamara Lich avait été arrêtée le 27 juin en Alberta pour non-respect de ses conditions de libération.

« Il est complètement ridicule de penser que l’intention de la cour lorsqu’elle impose de ne pas communiquer ou avoir de contact [avec une autre personne] peut être annulée simplement par la présence de son avocat », a martelé le juge de paix, Paul Harris, vendredi.

Les conditions de libération de Tamara Lich l’empêchaient d’avoir quelque contact que ce soit avec Tom Mazarro, l’un des porte-parole de cette manifestation contre la vaccination obligatoire et les mesures sanitaires durant la pandémie, et d’autres organisateurs du convoi sauf en présence de son avocat. Le juge a rappelé que cette condition visait à permettre à des coaccusés de préparer une défense pour leurs procès, pas de leur permettre de socialiser.

Tamara Lich était assise à la même table que Tom Mazarro le 16 juin lors d’une remise de prix à Toronto. Le Justice Center for Constitutional Freedoms lui avait alors donné un prix pour son leadership durant le « convoi de la liberté ».

Dans une vidéo présentée à la cour mardi, on la voit discuter quelques secondes avec Tom Marazzo. Une photographie où on les voit ensemble a également été présentée en preuve par la Couronne.

Le juge estime donc que Tamara Lich doit demeurer en prison en attendant son procès pour maintenir la confiance dans le système judiciaire. Il lui reproche non seulement d’avoir assisté à la remise de prix pour célébrer sa participation au convoi, « un évènement qui a plongé les résidants du centre-ville d’Ottawa dans un état continu de peur », mais d’avoir choisi de s’asseoir à la même table que Tom Mazarro, de communiquer avec lui et « pour jeter de l’huile sur le feu » se fait photographier « bras dessus, bras dessous avec lui ».

La Couronne avait également présenté en preuve des échanges par message texte entre Tamara Lich et Chris Barber, un autre organisateur du « convoi de la liberté » qui confirme que leur « centre de commandement » avait l’intention de bloquer le centre-ville d’Ottawa deux jours après l’arrivée des premiers camions.

Pour la Couronne, les messages textes constituent une preuve que l’Albertaine était l’une des personnes responsables de la manifestation et que, par conséquent, elle devrait demeurer en détention d’autant plus qu’elle est accusée de ne pas avoir respecté ses conditions de libération.

La défense estime qu’ils prouvent seulement qu’elle ne voulait pas prendre la décision de bloquer le centre-ville d’Ottawa toute seule.

Tamara Lich fait face à plusieurs accusations pour sa participation dans le « convoi de la liberté » dont méfait, d’entrave, d’intimidation et d’avoir conseillé à d’autres personnes de commettre des méfaits, de l’intimidation et d’entraver le travail des policiers. Sa prochaine comparution est prévue jeudi.

Son avocat, Lawrence Greenspon, a l’intention de demander un examen de sa caution à la Cour supérieure de l’Ontario. Il a affirmé que l’Albertaine de 49 ans était « évidemment déçue » de la décision du juge de paix et qu’elle avait hâte de pouvoir retrouver sa liberté.

Il avait soutenu lors de l’audience que sa cliente n’avait pas contrevenu à ses conditions de libération puisque ses avocats étaient présents lors de la remise de prix et que l’interaction avec Tom Marazzo n’avait duré que quelques secondes.

Des manifestants en soutien à Tamara Lich étaient rassemblés à l’extérieur du palais de justice. « Honte ! Honte ! », scandaient-ils en agitant l’unifolié. Plusieurs d’entre eux étaient à l’intérieur de la salle d’audience lorsque la décision du juge a été rendue, dont une femme qui s’est mise à pleurer à chaudes larmes.

Avec La Presse Canadienne