L’ex-conjoint violent de l’influenceuse Elisabeth Rioux, Bryan McCormick, devra purger une peine d’emprisonnement ferme de six mois, suivie d’une probation de trois ans durant laquelle il ne pourra entrer en communication avec la victime ou ses proches, ni la mentionner sur les réseaux sociaux.

« Je crois que [la peine] est raisonnable. On doit envoyer ce message-là. On vous met à l’écart de la société pour un temps, pour dénoncer ce genre de crime qui est grave », a statué la juge Nancy McKenna, de la Cour du Québec, lors d’une audience tenue mardi matin à Saint-Jérôme.

Disant miser sur la « réhabilitation », la juge McKenna a ajouté qu’il « n’y a pas de place à la vengeance dans notre système ». La magistrate s’est ainsi rendue aux arguments de la Couronne et de la défense, qui avaient convenu d’une entente sur la peine.

C’est en 2020 que la femme d’affaires et influenceuse Elisabeth Rioux avait dénoncé la violence dont elle était victime de la part de son conjoint, avec qui elle s’affichait abondamment sur les réseaux sociaux. Les gestes commis ont débuté dès novembre 2019 et se sont poursuivis pendant plus d’un an, même après la naissance de leur enfant, à l’été 2020. « Je vais te shooter une balle dans la tête », a notamment dit McCormick à Elisabeth Rioux, en plus d’être physiquement violent avec elle à plusieurs reprises.

En décembre dernier, Bryan McCormick avait plaidé coupable à trois chefs d’accusation de menaces de mort, de méfait et de voies de fait pour des gestes commis dans un contexte de violence conjugale. L’entente commune a toutefois permis un arrêt conditionnel des procédures pour quatre autres chefs d’accusation de séquestration, harcèlement et communications harcelantes, ainsi qu’agression armée.

Il s’excuse à Elisabeth Rioux

Dans une allocution tenue devant la Cour, peu avant le prononcé de la sentence, McCormick s’est « excusé à Elisabeth, même [s’il ne peut] pas lui parler ». « J’imagine que c’est ici que je peux le dire, alors je m’excuse du plus profond de mon cœur », a-t-il dit en l’absence de sa victime, qui n’était pas présente par choix, mardi.

« J’ai fait énormément de travail sur moi-même, dans l’ombre, seul à Chibougamau, pour me ressourcer et travailler sur l’intelligence émotionnelle. Je vais continuer par moi-même, autant en prison que par après, pour m’améliorer en tant que personne et devenir un meilleur conjoint pour la personne avec qui je vais partager ma vie par après », a encore insisté le coupable.

McCormick a aussi reconnu que « les émotions chez [lui] sont très intenses, autant dans la joie que la tristesse et la colère ». « Souvent, même si on sait comment agir, quand on est plongé dans certaines situations, c’est très difficile. Ce n’est pas une science exacte. De savoir comment agir dans des situations difficiles, c’est quelque chose que je n’avais pas comme outil. »

« Envoyer un message clair »

Durant trois ans et demi, McCormick devra s’abstenir de communiquer directement avec Elisabeth Rioux et ses proches, ne pas la harceler, ne pas faire référence à elle sur quelconque réseau social, ni se trouver sur son lieu de résidence, de travail ou d’études. Il lui sera aussi interdit de posséder une arme.

Bryan McCormick devra également suivre les directives d’un agent de probation en lien avec toute thérapie relative à une problématique de violence, pour « comprendre les démons qui l’habitent ». La juge lui ordonne aussi de suivre une thérapie de gestion de la colère et des émotions.

Parmi les facteurs atténuants, l’avocat de la défense, MPhilippe Comtois, a cité le fait que son client n’avait pas d’antécédents de violence conjugale, qu’il a plaidé coupable pour éviter un procès et qu’il est toujours un « actif » pour la société, occupant un emploi à Chibougamau. « Il n’y aura jamais une sentence qui va réparer les crimes totalement. Mais il faut envoyer un message clair à la société que ce genre d’infraction ne se répète pas. L’un des objectifs de la peine, c’est la dissuasion », a indiqué MComtois.

La procureure de la Couronne, MFanny Dubois-Grondin, a quant à elle martelé que les tribunaux doivent démontrer qu’ils « sont prêts à répondre par de la détention ferme, et ce, même si on parle d’un individu qui n’a pas d’antécédents en matière de violence », afin de « démontrer que la société ne tolère pas du tout la violence conjugale ». « Il y a un virage en matière de violence sexuelle. Certains diront qu’il est trop tard, mais moi, je pense qu’il n’est jamais trop tard », a ensuite renchéri la juge McKenna.