Le garçon de 3 ans avait été retrouvé dehors en pleine nuit en décembre 2017

Une jeune mère vulnérable qui a abandonné son fils de 3 ans en pleine nuit pour se prostituer n’a pas bénéficié de la clémence du Tribunal, malgré ses progrès importants depuis cinq ans. Le petit garçon avait été retrouvé dehors pieds nus en plein mois de décembre à Montréal.

Maintenant âgée de 25 ans, la femme a écopé d’un sursis de peine la semaine dernière au palais de justice de Montréal. Elle hérite ainsi d’un casier judiciaire et d’une probation d’un an, alors qu’elle recherchait une absolution inconditionnelle, la peine la moins sévère. Pour protéger l’identité de ses enfants, nous ne pouvons nommer l’accusée.

« Malgré le fait que je ne vous accorde pas l’absolution, j’apprécie tout le cheminement que vous avez fait », a tenu à dire le juge Christian M. Tremblay. La jeune mère avait plaidé coupable, par procédure sommaire, à un chef d’abandon d’un enfant en janvier 2020.

Devenue mère à 17 ans, l’accusée avait 20 ans au moment des faits en décembre 2017. À l’époque, elle demeurait « sous le joug » de son ex-conjoint — le père de l’enfant —, un homme ayant des antécédents criminels. Aux prises avec des difficultés financières, elle en était à travailler comme « escorte ». Elle a toutefois martelé devant le juge que ça n’avait « jamais » été son métier.

Cette nuit-là, la mère a décidé de partir pour son « contrat », puisque sa sœur se trouvait à l’appartement. Mais la mère ne l’a pas avisée de son départ. La sœur a ensuite quitté le logement à son tour, croyant que la mère du petit était toujours là.

Vers 5 h du matin, le garçon de 3 ans a été retrouvé en pleurs et en état de choc devant l’appartement, seulement vêtu d’une camisole et d’une couche malgré le froid hivernal.

Au même moment, la jeune mère s’est retrouvée dans une dangereuse situation. Séquestrée par son client, elle a dû sauter du balcon pour se sauver, a relaté la défense en janvier 2020. La mère a ensuite perdu la garde de son enfant.

« Un acte isolé »

Au départ, le procureur de la Couronne MBruno Ménard suggérait d’imposer une peine de prison avec sursis de six mois, mais la « reprise en main » de l’accusée dans les dernières années l’a incité à réclamer plutôt de surseoir au prononcé de la peine. Cette peine « des plus raisonnables » a été suivie par le juge.

Le Tribunal ne croit pas qu’il soit nécessaire de lui infliger une peine dissuasive. Sa vie a changé depuis l’incident. Elle s’est reprise en main. Elle a exprimé des remords.

Le juge Christian M. Tremblay

« Il s’agissait d’un acte isolé attribuable à la fois à un manque de communication avec sa sœur et à une lacune au niveau de son jugement. Son immaturité a également contribué à l’évènement. Heureusement, il n’y a eu aucune conséquence majeure pour l’enfant. Selon toute vraisemblance, elle ne recommencera plus », a conclu le juge Tremblay.

Le juge a refusé d’accorder une absolution inconditionnelle à l’accusée, puisqu’il n’y avait pas de preuve que son antécédent criminel allait lui nuire pour obtenir un emploi d’adjointe juridique.

Le magistrat a finalement enjoint à l’accusée de s’entourer de « gens qui ont du bon sens » à l’avenir. « Un jour, vous allez récupérer vos deux enfants, c’est écrit dans le ciel, vous serez capable d’atteindre vos objectifs et de vivre une vie normale et équilibrée », a assuré le juge Tremblay.