Un violent proxénète a écopé de quatre ans de détention vendredi pour avoir battu et agressé sexuellement à répétition une jeune femme pendant deux ans. Pour la « convaincre » de se prostituer, Emmanuel Stark a même orchestré le sordide viol collectif de la victime, agressée jusqu’à ce qu’elle perde connaissance.

« Le Tribunal considère que les agressions sexuelles caractérisées par leur répétition, leur grand nombre et surtout la violence inouïe de celle où de sept à neuf hommes agressent [la victime] militent pour l’imposition d’une peine importante », a conclu le juge Pierre Dupras vendredi après-midi au palais de justice de Montréal.

Accusé en 2017, le Montréalais de 48 ans surnommé « Pac-Man » a été déclaré coupable de nombreux chefs d’accusation d’agression sexuelle et de proxénétisme en mars 2021.

Les crimes d’Emmanuel Stark remontent à 1995, alors qu’il était un jeune proxénète de 21 ans. À l’époque, une jeune cégépienne montréalaise tombe dans ses griffes. Rapidement, le criminel commence à la frapper, puisqu’elle refuse de travailler dans un bar de danseuses nues. Au bout de quelques jours, elle finit par se résigner pour faire cesser les violences.

Pour être certain que la victime lui remet tous ses gains, Emmanuel Stark va même parfois jusqu’à la fouiller à nu. Non seulement il la bat « systématiquement », mais il la viole et la sodomise contre son gré. Le cauchemar de la victime prend fin en octobre 1997 lorsqu’elle se retrouve à l’hôpital après un énième passage à tabac.

Pour fuir définitivement l’accusé, la victime vit maintenant « exilée » à l’étranger.

Le juge ne relève aucun facteur atténuant en faveur de l’accusé, sinon son jeune âge, contre une longue liste de facteurs aggravants, comme la répétition des agressions sexuelles, la multiplication de la violence, la longue durée des crimes et le viol collectif pour l’amener à se prostituer.

La procureure de la Couronne MYasaman Jahanbakhsh réclamait cinq ans de détention, contre deux ans et demi pour l’avocat de la défense MFabrice Poirier. À la peine de quatre ans imposée, il faut déduire environ sept mois de détention préventive.

Dans un autre dossier, Emmanuel Stark a été condamné en décembre 2021 à sept ans et demi de détention pour traite de personnes et agression sexuelle armée. La juge Anne-Marie Lanctôt l’a également désigné délinquant à contrôler et soumis à une surveillance de cinq ans après sa peine. Cependant, compte tenu de sa très longue période de détention préventive, laquelle était calculée à temps et demi, Stark n’avait plus qu’un seul jour de prison à purger.

Emmanuel Stark a fait deux victimes en 2016 et 2017, des femmes démunies qui vivaient dans la rue. Pour éviter le froid, entre autres, celles-ci suivaient l’accusé chez lui pour recevoir des clients dans la « chaleur d’un appartement » et étaient payées en drogue. En somme, elles étaient des « proies faciles » pour l’accusé, selon la juge.

À une occasion, Emmanuel Stark a même brandi une machette avant d’agresser sexuellement une victime.

« Les gestes sont commis, dans l’indifférence la plus totale du sort réservé à celles, qui n’ont que leur corps à offrir en échange, de l’argent nécessaire à leur consommation. Le caractère répréhensible de l’exploitation de l’inégalité des rapports entre l’accusé et les victimes doit être dénoncé », soutient la juge Lanctôt.