Le congé pascal a été marqué par quatre évènements de coups de feu à Montréal, dont un meurtre et une tentative de meurtre. Mais ce n’est pas le premier soubresaut de violence cette année dans la métropole. Selon une compilation de La Presse, il y a eu, depuis le début de cette année à Montréal, environ deux fois plus d’évènements au cours desquels une arme à feu a été déchargée que pour la même période en 2020 et en 2021.

D’après nos chiffres, entre le 1er janvier et le 18 avril, 44 évènements de coups de feu sont survenus dans la métropole, comparativement à 21 pour la même période en 2020 et à 24 pour 2021.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Un homme a été atteint par des projectiles d’armes à feu sur le boulevard Rolland, près de la rue Pascal, dans l’arrondissement de Montréal-Nord, le 22 janvier dernier.

Précisons toutefois que nos chiffres comprennent uniquement les évènements qui ont été médiatisés, et ils pourraient être différents de ceux compilés par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Pour comparer avec les deux années précédentes, La Presse a utilisé des tableaux réalisés par l’Équipe nationale de support à l’application de la Loi sur les armes à feu (ENSALA), chapeautée par la Gendarmerie royale du Canada, et ces résultats peuvent également légèrement différer de ceux du SPVM.

Depuis le début de cette année, on enregistre à Montréal 20 évènements où des coups de feu ont été tirés sans faire de victime, 18 tentatives de meurtre, 5 homicides et 1 vol qualifié avec coup de feu.

Seulement pour le mois d’avril, en 17 jours, on dénombre 5 évènements de coups de feu sans victime, 4 tentatives de meurtre, 2 homicides et 1 vol qualifié avec coup de feu.

Ces 12 évènements représentent 27 % de tous les incidents au cours desquels une arme à feu a été déchargée au moins une fois depuis le début de l’année à Montréal.

Le long congé pascal a été particulièrement violent, avec deux évènements de coups de feu sans victime, une tentative de meurtre et un meurtre en seulement deux jours, vendredi et samedi.

Selon nos informations, plusieurs des évènements de coups de feu survenus depuis le début de l’année à Montréal seraient liés à des conflits entre cliques ou gangs de rue.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Un adolescent âgé de 17 ans a été tué par balles sur Le Plateau-Mont-Royal, au coin des rues Rivard et Roy, le 13 janvier dernier.

Les policiers appréhendent un printemps chaud, d’autant plus qu’il y aurait également des tensions dans le milieu du crime organisé, en particulier au sein de la mafia.

Rappelons que le gouvernement du Québec a lancé en 2021 la stratégie Centaure, chapeautée par la Sûreté du Québec, pour lutter contre la prolifération des armes à feu constatée plus particulièrement depuis la fin de 2019.

Le SPVM compte aussi sur ses Équipes multidisciplinaires dédiées aux armes à feu (EMAF) et ses sections Stupéfiants, chapeautées par la Division du crime organisé, pour lutter contre ce fléau.

Correspondances plus nombreuses

La hausse des évènements de coups de feu des dernières années à Montréal se constate également au Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale (LSJML) du Québec, où le nombre d’armes de poing reçues augmente et devrait tourner autour de 1000 pour l’année 2021.

Un autre impact de la prolifération des armes : les experts en balistique trouvent de plus en plus de correspondances entre des douilles et projectiles retrouvés et des armes à feu saisies.

Chaque douille, projectile ou arme à feu saisi sur une scène de crime est analysé par les experts du laboratoire – actuellement avec un délai d’environ six mois en raison d’un manque d’effectifs – et comparé dans des banques de données pour que les experts puissent faire des liens entre eux.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Manuel Tousignant, expert au Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale

« Avant 2020, on faisait peut-être une dizaine de liens par année entre un projectile ou une douille, et une arme à feu. Mais avec les évènements de coups de feu qui augmentent, il y a de plus en plus de douilles et de projectiles qui arrivent au laboratoire et qui, au départ, ne sont pas associés à une arme à feu. Mais je peux vous affirmer qu’en 2020, 2021 et 2022, on voit vraiment une progression des correspondances effectuées en laboratoire », décrit Manuel Tousignant, expert au LSJML.

Selon Manuel Tousignant et ses collègues, de plus en plus des douilles sont tirées par une même arme. Elles sont parfois retrouvées sur trois ou même quatre scènes de crime différentes.

L’expert affirme que l’arme de poing la plus populaire chez les criminels est le 9 mm Luger.

Les Polymer-80, fabriqués aux États-Unis, qui arrivent dans un gabarit et auxquels il faut ajouter une culasse et un canon en métal, sont de plus en plus saisis au Québec, mais ne représentaient que 4,6 % de toutes les armes de poing analysées au laboratoire durant les six premiers mois de 2021.

M. Tousignant affirme que même si l’on retrouve un peu plus d’armes de poing fabriquées selon une technologie 3D au Québec, la proportion demeure « minime ».

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.

En savoir plus
  • 17
    Nombre de meurtres par balles en 2021 à Montréal
    SOURCE : SERVICE DE POLICE DE LA VILLE DE MONTRÉAL
    54
    Nombre de tentatives d’homicide par balles en 2021 à Montréal
    SOURCE : SERVICE DE POLICE DE LA VILLE DE MONTRÉAL
  • 135
    Nombre d’évènements de coups de feu sans victime en 2021 à Montréal
    SOURCE : SERVICE DE POLICE DE LA VILLE DE MONTRÉAL
  • 102
    Nombre d’incidents par arme à feu dénombrés en 2022 à Toronto. Pendant la même période l’année dernière, 87 incidents avaient été rapportés dans la métropole ontarienne.
    Source : Service de police de Toronto
    296
    Nombre d’incidents par arme à feu dénombrés dans les trois premiers mois de 2022 à New York. Pendant la même période l’année dernière, 260 incidents avaient été rapportés dans la ville américaine.
    SOURCE : THE New York Times