Un « jeune leader » de Montréal-Nord accusé d’avoir tiré deux balles dans le dos d’un homme à Saint-Eustache assure n’avoir eu aucune conscience d’un tel attentat bâclé, puisqu’il dormait sur la banquette arrière de l’auto. « J’ai partagé un sac de chips et je me suis rendormi », a raconté au jury Hensley Jean, mardi, à son procès pour tentative de meurtre.

« Mauvaise place au mauvais moment, c’est ce que vous dites aujourd’hui ? Ça doit être assez rare d’être impliqué dans une fusillade et de dormir dans un char ? Vous n’avez pas été chanceux, le 3 juin [2019] », a lancé le procureur de la Couronne, MSteve Baribeau, en amorçant son contre-interrogatoire au palais de justice de Saint-Jérôme.

Selon la théorie de la poursuite, Hensley Jean s’est rendu dans un quartier cossu de Saint-Eustache cette nuit-là pour tenter de tuer l’occupant d’une résidence. L’homme, qui venait d’y déménager deux jours plus tôt avec sa famille, a été atteint de deux balles dans le dos en sortant de sa voiture, vers minuit.

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Hensley Jean, accusé de tentative de meurtre

« J’ai vu un canon pointé vers moi et j’ai couru. J’ai sauté du balcon dans les fleurs pour protéger ma blonde. J’étais terrifié », a témoigné Samuel Indig la semaine dernière. Gisant au sol, il a entendu un ou deux « clics ». Selon lui, le tireur a eu de la « difficulté » avec son arme à feu.

Hensley Jean et un autre homme, Jean Gérard Sterling III, ont été arrêtés quelques minutes plus tard par les policiers. L’arme à feu a été retrouvée dans le véhicule conduit par M. Sterling.

Hensley Jean a dormi pendant des heures

Si Hensley Jean s’est retrouvé à Saint-Eustache ce jour-là, c’est par un abracadabrant concours de circonstances, selon son récit. Fatigué après avoir consommé de la drogue pendant des jours avec des amis à Montréal-Nord, il a demandé à son ami Karim Kouribibe de le conduire chez lui, à Saint-Henri.

Or, Karim Kouribibe, armé du pistolet, devait faire une « commission » au préalable, accompagné de Jean Gérard Sterling III. Exténué, Hensley Jean s’est endormi dans l’auto et s’est réveillé seulement à Laval, devant une station-service. Il faisait encore jour. Après avoir mangé des chips avec ses amis, Hensley Jean est à nouveau tombé dans les bras de Morphée. Un profond sommeil de plusieurs heures. « J’étais fatigué », a-t-il martelé.

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C’est devant cette maison de Saint-Eustache que Samuel Indig a été atteint de deux coups de feu.

À son réveil, passé minuit, son ami Karim est sorti du véhicule et a demandé au chauffeur de reconduire l’accusé à Saint-Henri, comme convenu. Peu de temps après, les policiers ont intercepté l’auto. Il a été arrêté pour tentative de meurtre. Détenu depuis deux ans, il assure ne pas en vouloir à son ami Karim, qu’il continue de voir en prison.

« Pourquoi [M. Kouribi] va vous amener avec lui pour faire une tentative de meurtre ? Pourquoi il s’embarrasserait d’un autre individu ? », a demandé MBaribeau dans un contre-interrogatoire serré. « C’était la seule option que vous avez trouvée pour expliquer votre présence dans l’automobile », a suggéré le procureur. « Non, c’est vraiment la vérité », a rétorqué l’accusé.

Avant son arrestation, Hensley Jean affirme qu’il travaillait comme « jeune leader » auprès des jeunes de Montréal-Nord. Sans être rémunéré, il aidait des jeunes en partenariat avec des travailleurs de rue.

Son contre-interrogatoire se poursuit mercredi.