Cassandra* était comateuse et ensanglantée lorsqu’un policier l’a retrouvée gisant sur un banc de neige. L’adolescente de 13 ans avait été agressée sexuellement par Evans Atta Ansu, alors qu’elle était lourdement intoxiquée. Un cauchemar vécu aussi par son amie de 14 ans. La Couronne réclame huit ans de détention contre le Montréalais pour ses crimes « très graves ».

« M. Ansu a utilisé deux jeunes filles vulnérables sans aucune espèce de respect. C’est grave, les agressions contre les enfants, mais il ne faut plus juste le dire, il faut que ce soit souligné dans les peines », a insisté lundi la procureure de la Couronne MLouise Blais lors des observations sur la peine de l’homme de 29 ans.

Evans Atta Ansu a fait vivre une soirée d’horreur à Cassandra et Emma* en février 2019. Intoxiquées au Xanax – un médicament populaire chez les jeunes –, les amies de 13 et 14 ans ont été violées l’une après l’autre par l’homme surnommé Zulu.

« Il m’a prise, m’a mise à terre en doggy. J’étais trop gelée pour réagir. J’étais sur le Xanax. Je ne pouvais rien faire », a déclaré Cassandra aux policiers. Alors qu’elle le supplie d’arrêter, l’agresseur lui répond : « Arrête, tu vas aimer ça. » Une agression « humiliante » et commise de surcroît en « public », plaide la Couronne.

Deux ans plus tard, les conséquences sont bien réelles dans la vie des adolescentes, qui vivent toujours avec la peur de représailles. « Je ressentais de la honte, je me sentais sale, je m’étais renfermée sur moi-même », confie Cassandra dans une lettre. Son amie Emma souffre d’un choc post-traumatique. « Mon estime a extrêmement baissé, j’avais de la difficulté à parler aux gens », raconte-t-elle.

Dans une longue lettre d’excuses, Evans Atta Ansu a dit regretter sincèrement ses gestes. Il assure n’avoir « jamais voulu » causer du mal aux adolescentes. « J’ai été injuste et égoïste. Je n’avais aucun droit d’agir de la sorte. Je réalise aujourd’hui la gravité de mes actes », a-t-il déclaré en regardant les victimes.

Une période « extrêmement noire », plaide la défense

« C’est quelqu’un qui a fait une erreur, parce qu’il était intoxiqué », a plaidé son avocate, MVicky Powell. « Il a besoin d’aide, pas d’une détention additionnelle », a-t-elle souligné, en insistant sur sa volonté de suivre une thérapie.

Le Montréalais vivait une période « extrêmement noire » en 2019 en raison de la mort de sa mère, survenue en 2014. « Sa vie est en dégringolade depuis qu’il a perdu sa mère », a-t-elle plaidé. Elle réclame ainsi une peine de 37 mois, dont il resterait 10 mois à purger, compte tenu de ses « remords sincères », de son « faible » risque de récidive et de son « cheminement ».

Les experts brossent plutôt le portrait d’un homme à la criminalité « persistante », qui minimise les conséquences sur ses victimes et qui refuse de suivre une thérapie, rétorque la Couronne, qui ne relève ainsi « aucune » circonstance atténuante.

La Cour suprême a déterminé l’an dernier dans l’arrêt Friesen que des peines plus sévères sont nécessaires à l’égard des agresseurs d’enfants.

La juge Nathalie Duchesneau rendra sa décision le mois prochain.

*Prénoms fictifs pour protéger l’identité des victimes mineures