Après avoir plaidé coupables à de nombreux chefs d’accusation de voies de fait armées, menaces et séquestration à l’endroit de leurs enfants, l’ancien pasteur Mario Monette et sa femme ont pris le chemin de la prison pour respectivement cinq et quatre ans d’emprisonnement.

Mario Monette, qui fut pasteur à l’Église biblique baptiste métropolitaine Sud pendant plusieurs décennies, a été condamné à cinq ans d’emprisonnement par le juge Marc-Antoine Carette. Les abus physiques et quasi quotidiens étaient infligés à six de leurs huit enfants lorsque ceux-ci étaient entre autres indisciplinés, turbulents ou impolis. Ils se faisaient notamment régulièrement frapper avec des bâtons.

Un des jeunes a aussi été séquestré dans le garage familial pendant de nombreuses semaines.

La force utilisée par les deux adultes, la répétition et le nombre de coups portés sur les enfants ont été soulignés à grands traits par le juge Carette pour expliquer la gravité des faits reprochés. Parmi les exemples mentionnés, il y a celui d’une des filles du couple, alors âgée d’environ 13 ans, qui aurait reçu 150 coups de bâton parce qu’elle avait vu un garçon en cachette.

« Les mesures de corrections physiques illégales sont non seulement très nombreuses et étalées sur une période infractionnelle de 25 ans, mais également érigées en système pour punir plusieurs enfants », a expliqué le juge au palais de justice de Longueuil.

Quant à Carole Van Houtte Monette, elle a écopé de quatre ans d’emprisonnement. Contrairement à son mari, le tribunal a retenu qu’elle avait des « remords sincères » quant à certains gestes qu’elle avait faits. Mais pour l’ancien pasteur, le juge Carette a indiqué qu’il n’avait « qu’effleuré un début de prise de conscience » et qu’il ne présentait « qu’un scintillement de regrets ».

Le ministère public réclamait une peine de dix ans de pénitencier contre Mario Monette et de quatre à six ans pour Carole Van Houtte Monette. De son côté, la défense demandait deux ans de détention dans la collectivité pour les accusés de près de 70 ans, notamment parce que les risques de récidive sont faibles et qu’ils n’ont aucun antécédent judiciaire.

Pour expliquer sa décision plus sévère que celle proposée par la défense, le tribunal a affirmé qu’en matière de maltraitance et d’abus physiques commis à l’égard des enfants, il doit « accorder une attention particulière aux objectifs de dénonciation et de dissuasion ».

La protection des enfants est un des principes fondamentaux de notre société. Les enfants sont parmi les êtres les plus vulnérables et ils dépendent entièrement de leurs parents pour survivre.

Le juge Marc-Antoine Carette

« Ç’a été atroce ! »

Bien des proches des accusés étaient présents au palais de justice pour entendre les peines. À la sortie de la salle d’audience, un des fils du couple, Micaël Monette, était visiblement bouleversé par les évènements. Il s’est dit « satisfait » par la décision du tribunal, en ajoutant que ça lui faisait « énormément » de bien d’avoir été cru par le juge. « Il y a eu une reconnaissance des faits, ce que j’aurais d’abord souhaité de mes parents… Mais à la place, c’est un juge qui aura pesé les faits pour arriver à une conclusion évidente. »

En ce qui concerne son enfance, Micaël Monette a cherché ses mots pendant de longues secondes. « Ç’a été atroce, ç’a été atroce, a-t-il confié aux médias en pleurant. Un enfer ! »

Lyne Sévigny, une ancienne fidèle de l’Église biblique baptiste métropolitaine Sud, sur la Rive-Sud de Montréal, avait comme pasteur Mario Monette. Elle fut un des témoins au procès du couple. Tout comme bien d’autres proches, elle n’a pas retenu sa joie lorsqu’elle a entendu la décision du juge. « Je remercie la justice au Québec », a-t-elle lancé devant les médias.

« Ce que le juge a déclaré aujourd’hui, ça me donne confiance au système de justice du Québec ! Et je crois que ça va donner la frousse à une personne qui veut toucher à un enfant, physiquement ou mentalement. C’est un bel exemple qu’on envoie : une personne peut être jugée et emprisonnée pour les actes commis », s’est exprimée Mme Sévigny.