L’un des criminels les plus recherchés du Québec se la coule douce au Mexique. Blake Charbonneau, qui fait face à de graves accusations d’agressions sexuelles armées et de proxénétisme, s’est enfui de la province, selon les informations de la police.

Jusqu’à tout récemment, l’homme de 35 ans publiait des photos dans des décors paradisiaques, sur Instagram : selfies près de la mer, dans un spa, avec du champagne, devant des piscines géantes… Mais Blake Charbonneau a fermé son compte le 29 novembre dernier, le jour où la Sûreté du Québec a diffusé un avis de recherche afin de retrouver l’homme aux cheveux noirs et aux yeux bleus. La police a demandé l’aide du public afin de le localiser.

PHOTO TIRÉE D’INSTAGRAM

Blake Charbonneau

Blake Charbonneau est accusé d’avoir agressé sexuellement une femme de 35 ans, avec une arme et « avec la participation d’une autre personne ». La victime était tellement amochée que l’accusé « a mis sa vie en danger », selon l’acte d’accusation. Il aurait également « amené une personne à offrir ou rendre des services sexuels moyennant rétribution ». Il aurait « recruté, détenu, caché ou hébergé une personne qui offre ou rend des services sexuels moyennant rétribution ».

Selon les enquêteurs, les infractions commises par Blake Charbonneau « s’échelonnent sur plusieurs années ».

Au total, les plaintes de quatre victimes différentes, de 22 à 35 ans, ont été retenues par les policiers de Québec et de Laval.

L’homme a déjà des antécédents judiciaires de voies de faits, de possession d’arme non autorisée et de possession de drogues.

Le criminel fait maintenant face à un mandat d’arrêt pancanadien parce qu’il s’était engagé à résider à une adresse de la rue Tourville, à Laval. Lors de sa mise en liberté, il avait également versé une caution de 1000 $ et promis de ne pas posséder d’armes à feu.

Or, les policiers ont récemment découvert que l’homme n’habite plus à Laval. « On a en effet des raisons de croire qu’il a quitté le Québec et peut-être même le Canada », indique Benoit Richard, porte-parole de la Sûreté du Québec. Une source policière confirme que l’homme s’est exilé au chaud soleil de l’Amérique latine.

Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) affirme que l’accusé avait le droit de voyager à l’étranger pourvu que son adresse principale demeure celle qu’il avait fournie au tribunal. « À l’époque, on n’avait pas de raison de croire que monsieur allait fuir ou s’esquiver. Ces conditions ont été imposées dans ce contexte-là. Mais actuellement, il y a une nouvelle accusation pour un non-respect de conditions parce qu’il ne demeure plus dans la province », explique MAudrey Roy-Cloutier, porte-parole du DPCP.

« Mettre les filles en confiance »

Sophie* fait partie des femmes qui ont porté plainte à la police contre Blake Charbonneau. Ce dernier l’aurait abordée sur Badoo, un site de rencontres, en 2019. Il ne cherchait pas de relations sérieuses, « il voulait s’amuser », explique Sophie au sujet de cette période qui « va [la] marquer pour la vie. »

Les deux célibataires se rencontrent quelques fois et ils s’entendent bien. « Il fait tout pour mettre les filles en confiance », ajoute la femme, qu’on ne peut identifier.

Au bout d’un mois, Blake Charbonneau lui dit qu’il connaît une manière de faire de l’argent facilement. Des amies à lui vendent des services sexuels.

C’est sécuritaire et payant, ajoute-t-il, selon la version de Sophie.

Sophie accepte, mais pour un seul client. Le présumé proxénète lui soutire la moitié de sa paye, raconte la femme. Il la convainc de poursuivre, car leurs nouveaux revenus vont leur permettre de mener une belle vie.

Sophie travaille finalement pour Blake Charbonneau pendant un an et demi, raconte-t-elle, avant de le dénoncer à la police.

Une extradition possible

MMarie-Hélène Giroux confirme que les policiers ont des recours pour ramener l’accusé devant les tribunaux. Un traité d’extradition existe entre le Mexique et le Canada.

« À partir du moment où une demande d’extradition est enclenchée, les policiers là-bas ouvrent une enquête pour arrêter la personne. Un échange de renseignements policiers s’effectue également », explique l’avocate, qui a mené plusieurs dossiers d’extradition.

Reste que la procédure peut être longue, admet-elle. « Ça peut prendre du temps de trouver la personne et de lui mettre la main au collet. Mais une fois qu’elle est localisée, elle va être arrêtée pour fins d’extradition. »

La Sûreté du Québec refuse de dire si le mandat d’arrêt pancanadien sera élargi à l’international, mais l’enquête est toujours bel et bien active, confirme Benoit Richard.