Ernesto Fera n’a pas « sauvagement » assassiné sa femme Nadia Panarello simplement pour toucher son assurance-vie, a tranché le juge James Brunton en déclarant son acquittement. La femme de 38 ans a probablement été tuée, en février 2004, par un intrus qui se serait faufilé dans la résidence lavalloise par une porte déverrouillée.

Ce verdict a été accueilli avec émotions par les membres de la famille Fera-Panarello réunis dans la salle d’audience du palais de justice de Saint-Jérôme. Visiblement soulagé, Ernesto Fera a enlacé son avocat, MJoseph La Leggia, en sortant du box des accusés. Il était en liberté pendant les procédures judiciaires.

Le mystère du meurtre de Nadia Panarello demeure toutefois entier. Le 12 février 2004, la mère de deux enfants a été retrouvée morte, la gorge tranchée, dans sa résidence du quartier Vimont à Laval. Quelques bijoux ont été volés, mais pas ceux ayant le plus de valeur. Aucune trace d’ADN n’a été retrouvée sur les lieux.

PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE

Sur la photo, on peut voir l’accusé, Ernesto Fera, et la victime, Nadia Panarello

Pendant longtemps, cette affaire a fait partie des meurtres non résolus (cold case), jusqu’à ce qu’Ernesto Fera soit accusé presque 15 ans plus tard. Selon la théorie de la poursuite, le mari de Nadia Panarello était le seul à avoir pu commettre ce meurtre puisque quelques minutes seulement s’étaient écoulées entre son départ de la maison et le meurtre. Il avait « l’opportunité exclusive », dans le jargon judiciaire.

Selon la poursuite, toutes les portes de la résidence étaient verrouillées ce matin-là. Il s’agit d’un élément crucial pour appuyer la thèse de « l’opportunité exclusive ». Or, la porte-fenêtre de la maison devait être déverrouillée, conclut le juge Brunton, en analysant méthodiquement la preuve. Il y a ainsi une « possibilité raisonnable » qu’une autre personne ait commis le crime en passant par cette porte.

Ernesto Fera et sa femme étaient très endettés à l’époque. La mort de Nadia Panarello a ainsi permis à son mari de bénéficier de 350 000 $ en assurance-vie, ce qui lui a permis de rembourser l’hypothèque de la maison et l’entièreté de ses dettes. Il s’agit là du motif du crime, a plaidé la Couronne. Surtout que quelques jours avant le meurtre, Ernesto Fera avait tenté d’obtenir un prêt de 120 000 $ à une connaissance.

Or, les bases de cette théorie sont « extrêmement faibles », selon le juge Brunton. « Oui, leurs finances étaient terribles. Oui, la victime était stressée et M. Fera était désespéré, comme le montre sa tentative d’obtenir un prêt avant la mort de la victime. Cela dit, il ne fait aucun sens que son plan B soit de tuer sa femme. La preuve montre qu’il restait assez de fonds [equity] dans la maison pour payer leurs dettes, tout en conservant une petite somme pour déposer une mise de fonds pour une petite maison », analyse le juge.

PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE

Photo de la scène de crime. Le corps de la victime est tout juste au bas de l’image. La lampe et l’abat-jour renversés montrent des signes de bagarre.

« Il ne fait pas de sens qu’un homme, qui selon la preuve vivait un tendre mariage ordinaire, et alors qu’il n’y a pas de preuve de violence, viendrait soudainement tuer sauvagement [viciously] sa femme. Il n’y a pas de preuve pour expliquer la cruauté que M. Fera aurait dû présenter en planifiant la découverte du meurtre de Nadia par sa mère de 70 ans », poursuit le juge.

De plus, rien dans la preuve ne démontre que M. Fera savait qu’il était le principal bénéficiaire des assurances-vie de sa femme, ajoute le juge.

Le ministère public était représenté par MNektarios Tzortzinas, MSteve Baribeau et MAlexandre Dubois. MJoseph La Leggia et MIsabelle Lamarche ont défendu M. Fera.