Le numéro deux de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) ainsi qu’un lieutenant de l’organisation ont été retirés de leur fonctions et affectés à des tâches administratives pour une durée indéterminée à la suite du jugement récent qui avait sévèrement blâmé la conduite des policiers et des procureurs dans le dossier de l’ex-maire de Terrebonne.

C’est le député indépendant de Chomedey, Guy Ouellette, qui a d’abord révélé l’affaire en chambre jeudi, alors qu’il demandait au gouvernement « ce qu’il compte faire avec les délinquants en poste à l’UPAC et au DPCP ».

« Depuis le 26 octobre dernier, ça grenouille à l’UPAC. Deux des policiers ayant menti à la cour ont été visés par des actions administratives, soit le numéro deux de l’UPAC, Sylvain Baillargeon, et l’officier Janik Lacoursière », a lancé M. Ouellette.

Sylvain Baillargeon, le commissaire associé aux enquêtes de l’UPAC, ainsi que Janik Lacoursière, un lieutenant responsable du Service de renseignement de l’UPAC, ont été blâmés par la juge Nancy McKenna le 26 octobre, dans un jugement qui ordonnait l’arrêt du processus judiciaire contre l’ancien maire de Terrebonne, Jean-Marc Robitaille.

L’ex-maire et trois coaccusés étaient accusés de participation à un stratagème de corruption dans les affaires municipales. Mais la juge a estimé que l’inconduite des policiers et des procureurs du DPCP, qui auraient manœuvré pour cacher aux accusés des informations qui pouvaient affecter la crédibilité d’un témoin important de la poursuite, justifiait un arrêt des procédures.

Elle a dénoncé une « recherche de la victoire à tout prix » par les représentants de l’UPAC et du DPCP.

« Les transgressions répétées par différents acteurs de l’État violent les règles du franc-jeu et de la décence auxquelles la société est en droit de s’attendre de collaborateurs de la justice », soulignait la magistrate.

Un jugement pris au sérieux, selon l’UPAC

Le porte-parole de l’UPAC, Mathieu Galarneau, a confirmé à La Presse que M. Baillargeon est affecté à d’autres tâches pour une durée indéterminée, le temps de faire la lumière sur ce qui s’est passé. Il n’est pas suspendu ou sanctionné, mais il ne participe plus aux enquêtes pour l’instant.

Quand au lieutenant Lacoursière, qui était prêté à l’UPAC par la Sûreté du Québec, il a été retourné à son corps policier d’origine pour le moment.

Le commissaire de l’UPAC, Frédérick Gaudreau, « prend le jugement très au sérieux » et étudie maintenant la meilleure façon d’y donner suite, selon le porte-parole.

La semaine dernière, le DPCP avait défendu le travail des procureurs de la couronne dans cette affaire et disait étudier la possibilité de porter le jugement en appel.

« À la lumière d’une analyse préliminaire du jugement […] les conclusions factuelles retenues par la juge de première instance McKenna ne nous apparaissent pas fondées sur la preuve présentée », avait déclaré à La Presse MPatricia Johnson, porte-parole adjointe du DPCP.

Laisser le processus suivre son cours

Comme les procureurs disposent encore de plusieurs semaines pour porter la cause en appel, la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault a dit ne pas trop vouloir s’avancer, jeudi. Elle a encouragé le député Ouellette à laisser le processus suivre son cours.

Le ministre de la Justice Simon Jolin-Barrette a abondé dans le même sens. « Je comprends son désir d’avoir des réponses en lien avec ça, mais il ne peut pas se substituer au processus judiciaire », a-t-il déclaré.