Un proche du crime organisé a été arrêté jeudi avec une arme de poing chargée, en marge de l’enquête sur la fuite récente sur les réseaux sociaux d’une vidéo confidentielle montrant un jeune homme qui offrait de devenir collaborateur de la justice. L’ex-conjointe du suspect, une avocate criminaliste, a aussi été appréhendée et questionnée avant d’être relâchée sans accusations, a appris La Presse.

L’origine de cette affaire remonte à août dernier. Un jeune homme de 20 ans, arrêté au terme d’une dispute au Quartier DIX30, avait été accusé de possession d’arme prohibée, voies de fait et agression armée. Il avait été interrogé par un enquêteur de la police de Longueuil, alors que la scène était filmée.

Le jeune homme avait alors proposé d’aider la police. Une proposition qui risquait de mettre sa vie en danger si elle était rendue publique, vu le milieu dans lequel il baignait. « Écoute, mon ami, moi, je veux que tu m’aides, c’est ça que je veux. Je veux que tu m’aides à pogner un deal avec la procureure », avait-il déclaré.

« Je vais vous aider. Je vais vous ramener à eux parce que, moi, vous m’avez arrêté avec une petite arme à feu ce jour-là. T’en veux, cinq ou six armes à feu ? Tu veux pogner de vraies armes à feu ? Tu veux aller pogner les maisons où y a ça ? La coke ? », demandait-il.

Diffusée en ligne trois jours plus tard

Trois jours plus tard, alors qu’elle n’avait pas été déposée en cour et venait tout juste d’être divulguée aux avocats du jeune homme et de son coaccusé, la vidéo compromettante s’est mise à circuler abondamment sur les réseaux sociaux, comme l’a révélé La Presse à l’époque. Seul l’extrait compromettant avait été isolé. Le mot « RAT » y avait été ajouté, ainsi que le nom et la date de naissance du jeune homme. La police de Longueuil avait confirmé l’ouverture d’une enquête pour entrave à la justice, intimidation et menace. Selon nos informations, le jeune homme avait dû être placé en protection en prison.

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Jeudi, les enquêteurs de la police de Longueuil ont mené une perquisition à Saint-Amable. Officiellement, le corps policier refuse de confirmer que l’opération était liée à la fuite de la vidéo, se contentant de dire qu’il s’agit d’une enquête « amorcée au mois d’août », soit précisément à l’époque où la vidéo a été rendue publique.

« Le Service de police de l’agglomération de Longueuil a mené [jeudi] une perquisition à Saint-Amable. Celle-ci a permis de saisir une arme de poing chargée ainsi qu’une presse à kilogrammes de cocaïne et une petite quantité de stupéfiants. Un homme de 31 ans a été arrêté, et une femme dans la trentaine a également été appréhendée en lien avec la perquisition, mais libérée », résume le porte-parole du corps policier Jean-Pierre Voutsinos.

L’homme arrêté a comparu vendredi au palais de justice de Longueuil. Il s’agit de Kevin St-Pierre, considéré comme une relation du crime organisé sur la Rive-Sud de Montréal.

Il est accusé de non-respect de conditions, de possession d’une arme à feu prohibée chargée (un pistolet FEG 37M de fabrication hongroise) et d’occupation d’un véhicule dans lequel il savait que se trouvait une arme à feu prohibée.

L’avocat de St-Pierre n’est pas surpris

M. St-Pierre ne fait face à aucune accusation en lien avec la fuite de la vidéo. Mais son avocat, le criminaliste d’expérience Marion Burelle, ne se fait aucune illusion. « On n’est pas surpris que le point de départ de ça, c’est sûrement l’altercation au DIX30 et la vidéo qui a circulé », affirme le juriste, qui a représenté M. St-Pierre dans plusieurs dossiers devant les tribunaux au fil du temps.

L’ancienne conjointe de Kevin St-Pierre, l’avocate criminaliste Noémi Tellier, a été appréhendée et questionnée par la police lors de la même opération, mais relâchée sans accusations.

MTellier est l’avocate du deuxième suspect arrêté au mois d’août lors de la dispute au DIX30, en même temps que le jeune homme qui a proposé d’aider la police. Son client aurait reçu une copie de la vidéo compromettante au moment de la divulgation de la preuve.

« Elle n’est plus en couple avec M. St-Pierre depuis un certain temps, elle n’est accusée de rien et elle n’a aucun lien avec les évènements qui ont mené à l’arrestation de M. St-Pierre », a martelé l’avocate de Noémi Tellier, MStéphanie Bisaillon-Auclaire. Celle-ci déplore que le nom de sa cliente se retrouve mêlé à une histoire avec laquelle elle n’a rien à voir, selon elle.