(Québec) La présidente du conseil d’administration de Groupe TVA et vice-présidente du conseil de Québecor, Sylvie Lalande, met ses menaces à exécution et poursuit le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, pour avoir suggéré une apparence de conflit d’intérêts de sa part dans le dossier Groupe Capitales Médias. Elle réclame 240 000 $.

« Je n’ai pas d’excuses à donner. J’ai dit qu’il y avait eu apparence de conflit d’intérêts, et je suis convaincu qu’il y en a eu un », a réagi Pierre Fitzgibbon lors d’une mêlée de presse jeudi. Il a précisé qu’il engagera son propre avocat, « un très bon avocat », tout en reconnaissant qu’il ignore les règles exactes entourant le paiement des honoraires par l’État pour sa défense. Il n’a pas voulu commenter davantage parce qu’il est « ailleurs », qu’il a « d’autres priorités à s’occuper pour le Québec ».

En novembre, « surpris » du refus de Desjardins de financer la coopérative des travailleurs des six quotidiens, M. Fitzgibbon s’était demandé « s’il y avait des forces en présence qui auraient pu faire dérailler la décision ». Car selon lui, il y avait « possiblement apparence de conflit d’intérêts » avec la présence de Mme Lalande à la tête du conseil d’administration du principal bras investisseur de Desjardins, Capital régional et coopératif Desjardins (CRCD).

Mme Lalande n’occupe plus cette fonction aujourd’hui. Et depuis, Desjardins a réévalué le dossier et a accepté de participer au financement des coopératives.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Sylvie Lalande

Sylvie Lalande avait mis en demeure le ministre Fitzgibbon de se rétracter pour ses « insinuations fausses et trompeuses » causant « un tort inqualifiable » à sa réputation. Desjardins avait indiqué que Mme Lalande n’était pas intervenue dans le dossier et que celui-ci n’avait pas été présenté au conseil d’administration. Mme Lalande exigeait des excuses publiques et menaçait de poursuivre le ministre en cas de refus. Elle passe de la parole aux actes avec sa poursuite de 240 000 $, a indiqué une collaboratrice.

Pierre Fitzgibbon avait alors répondu qu’il ne présenterait pas d’excuses. Il expliquait que ses propos visaient à démontrer qu’il y a apparence de conflit d’intérêts de la part de Mme Lalande en raison de ses fonctions chez Québecor, mais que cela ne signifiait pas qu’il y ait eu conflit d’intérêts. « Ce que j’ai dit était approprié », avait-il soutenu. « Dans le cas de Mme Lalande, j’ai lu Desjardins qui a mentionné qu’elle n’a pas été partie prenante des décisions qui ont été prises. Auquel cas il n’y a pas eu conflit d’intérêts », ajoutait-il. Et si Mme Lalande décide de le poursuivre ? « On ira en cour », avait-il répondu.

-Avec Hugo Pilon-Larose