Le procès de Simon Brind’Amour pour le meurtre de sa conjointe Josiane Arguin a été suspendu par « prévention » jeudi en raison de la COVID-19. Les avocats de la défense ont annoncé à la cour avoir été en contact avec une collègue possiblement infectée par le coronavirus.

« Nous sommes en mode prévention, nous ne sommes pas en mode panique du tout, ni en mode alerte », a déclaré d’emblée au jury la juge Hélène di Salvo jeudi matin au palais de justice de Montréal. Les 14 jurés se préparaient à regarder en matinée les deux dernières heures de la longue vidéo présentant les aveux de Simon Brind’Amour.

Les avocats de l’accusé, MMaxime Raymond et MDavid Robert Temim, ont discuté pendant quelques minutes avec une avocate lundi soir, alors qu’ils portaient un masque et se trouvaient à plus de deux mètres de leur consœur. Mais celle-ci a développé depuis des symptômes de la COVID-19 et attend les résultats de son test.

« Pour l’instant, on est vraiment en mode prévention. Je ne prends pas de chance. On va attendre les résultats du test de cette avocate. Si son test est négatif, on pourra continuer [le procès]. Si c’est positif, je vais demander aux avocats de la défense de se faire tester et on risque d’être suspendu. La santé de tout le monde est importante », a expliqué la juge au jury. Notons que les jurés sont séparés l’un de l’autre par des plexiglas.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LAPRESSE

Sur la photo, les avocats de la défense, MMaxime Raymond et MDavid Robert Temim

Les jurés regardent depuis mardi la vidéo de l’interrogatoire de Simon Brind’Amour avec les enquêteurs à la suite de son arrestation, le 1er novembre 2018. Or, les propos de l’accusé sont souvent difficilement compréhensibles, voire parfois inaudibles. Le jury a d’ailleurs demandé de réécouter les dernières minutes visionnées mercredi soir, alors que l’accusé semblait sur le point de faire ses aveux.

COURTOISIE FAMILLE

Josiane Arguin

Même la juge di Salvo a soutenu que des « parties » de l’interrogatoire étaient « peut-être inaudibles » pour le jury. La juge a d’ailleurs refusé de remettre au jury une copie des transcriptions de l’interrogatoire puisqu’elles contiennent « énormément d’erreurs qui changent au complet le contexte ».

Après cinq heures d’interrogatoire en novembre 2018, Simon Brind’Amour semblait sur le point de craquer. D’une voix presque inaudible, il mentionne alors à l’enquêteur avoir « pris le bus » avec un « corps » et ajoute avoir déposé le « sac vers Saint-Michel » et être rentré chez lui.

« Je ne savais pas quoi faire avec le sac, j’avais tout perdu », dit-il également, en murmurant. Notons qu’une policière a présenté au jury cette semaine une photo d’une benne à ordures située près de l’autoroute Métropolitaine.

PHOTO DÉPOSÉE AU PROCÈS

Une benne à ordures près de l’autoroute Métropolitaine à Montréal

Selon la théorie de la Couronne, Simon Brind’Amour a battu à mort Josiane Arguin à coups de baguette de billard dans leur résidence du quartier Parc-Extension à Montréal le 1er septembre 2018. Il se serait ensuite débarrassé de son corps dans un sac de hockey mis aux ordures. Malgré les recherches, la dépouille de la femme de 34 ans originaire de Lévis n’a jamais été retrouvée.

Dans son exposé d’ouverture, la procureure de la Couronne MKatherine Brabant avait d’ailleurs annoncé au jury que Simon Brind’Amour avouerait son crime pendant son interrogatoire policier.

« Il va également mentionner avoir lavé le corps, le mettre dans un sac de hockey et va préciser qu’il va, quelques jours plus tard, se débarrasser du corps. Il va vous dire que quelques secondes avant qu’il s’en prenne à Josiane, cette dernière sortait du domicile et allait vers la cour arrière. Selon ses propos, Josiane criait qu’elle était une femme battue. Si on comprend bien, il s’agit des dernières paroles de Josiane », a affirmé MBrabant au début du procès. Celle-ci fait équipe avec le procureur MLouis Bouthillier.