Un homme généreux « manipulé » par une femme narcissique, jalouse et instable. C’est le sombre portrait de Josiane Arguin que brossait Simon Brind’Amour, deux semaines après la « disparition » de sa conjointe à l’automne 2018. Des textos de l’accusé présentés vendredi à son procès pour meurtre nous plongent au cœur de sa psyché.

Simon Brind’Amour est accusé d’avoir battu à mort Josiane Arguin à coups de baguette de billard, le 1er septembre 2018, à Montréal, et de s’être débarrassé du corps aux ordures. Il a ensuite rapporté sa disparition et a même participé aux recherches. La dépouille de la femme de 34 ans n’a jamais été retrouvée. Arrêté le 1er novembre 2018, il aurait tout avoué aux policiers.

Un échange de messages entre Simon Brind’Amour et le père de Josiane, Denis Arguin, jette un éclairage sur le comportement de l’homme de 38 ans à la mi-septembre 2018. À cette époque, la femme originaire de Québec n’avait pas encore été portée disparue.

Selon le récit de Simon Brind’Amour, Josiane Arguin serait partie un soir de septembre après avoir « pris un coup ». « Elle m’a pété une crise incohérente à n’y rien comprendre et elle est partie avec de l’argent », explique-t-il à Denis Arguin, le 7 septembre 2018.

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Simon Brind’Amour

Une semaine plus tard, l’accusé confie au père de Josiane qu’il ne « sait plus quoi faire » et qu’il envisage maintenant de signaler la disparition, « surtout avec la vague de nouvelle drogue aux nouvelles ».

« Je sais qu’elle en a déjà fait dans l’Ouest canadien et j’ai vu ses yeux quand elle m’en a parlé et j’ai peur de la perdre », dit-il. Il ajoute que Josiane pensait « arrêter ses médicaments ». Il évoque alors les crises et les « discours incohérents » de sa conjointe « bipolaire ».

Il dépeint ensuite un sombre portrait de sa nouvelle conjointe. « Il y avait une Josie calme et posée qui te demande si tu l’aimes, et une stressée, désobligeante, narcissique et jalouse. Jalouse du temps que je passe à m’occuper du terrain, […] Je l’ai vue […] mentir à tous et chacun », raconte-t-il à Denis Arguin.

Malgré ces mots durs, Simon Brind’Amour espérait toujours voir à tout moment sa conjointe « tourner le coin » de la rue pour rentrer à la maison. « Je veux juste la voir pour […] la reprendre dans mes bras pour lui dire que tout va bien aller », confie-t-il à Denis Arguin. Après avoir signalé sa disparition le 15 septembre, Simon Brind’Amour disait voir le « verre à moitié plein ».

« Ce n’était pas Jo »

Émotif à la barre des témoins, M. Arguin a martelé au jury que cette description de sa fille était « illogique ». « Je ne comprenais pas. Jo n’était pas de même », a témoigné le père de la défunte.

« Jo m’aurait appelé, sans passer par lui. Ça, ça n’avait aucune logique. Ce n’était pas Jo. Jo m’aurait appelé », a-t-il répété en contre-interrogatoire.

Le père endeuillé avait une « bonne complicité » avec sa fille et lui parlait régulièrement. « Elle nous appelait tout le temps. On avait tout le temps des échanges, autant culinaires que sur tout ce qui avait des liens à l’art. […] On pouvait se parler aux semaines, aux deux semaines. Des fois, elle descendait à Québec et on allait au resto », a-t-il raconté.

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Denis Arguin, père de Josiane Arguin, au palais de justice de Montréal

Un mois après la disparition de sa Josiane, Gaétane Gilbert a fait l’aller-retour Québec-Montréal en vain pour rencontrer Simon Brind’Amour. Lorsque ce dernier lui a fait faux bond, la mère de la victime a été « insultée » de s’être déplacée pour rien. « J’ai senti qu’il ne voulait pas me voir », a-t-elle déclaré vendredi pour conclure son témoignage amorcé la veille.

Selon la théorie de la Couronne, Simon Brind’Amour a fait croire pendant des semaines aux proches de Josiane qu’il souhaitait la retrouver. Il a d’ailleurs ratissé une partie de la ville avec son beau-frère. Le Montréalais aurait toutefois confessé son crime à son ex-conjointe, avant de passer aux aveux après son arrestation. Ses aveux seront présentés aux 14 jurés au cours du procès.

« Il va vous dire que quelques secondes avant qu’il s’en prenne à Josiane, cette dernière sortait du domicile et allait vers la cour arrière. Selon ses propos, Josiane criait qu’elle était une femme battue. Si on comprend bien, il s’agit des dernières paroles de Josiane », a affirmé au jury la procureure de la Couronne MKatherine Brabant à l’ouverture du procès, mercredi.

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Josiane Arguin

Le procès se poursuivra lundi devant la juge Hélène Di Salvo.