Les Montréalais commencent à s’habituer aux trottoirs qui s’avancent en saillie dans les intersections pour protéger les piétons. Ils pourraient devoir apprivoiser un nouveau concept : les pastilles de béton, actuellement testées à Verdun. L’arrondissement vante l’idée, mais les structures portent déjà les marques de plusieurs accrochages.

« Un nouveau concept »

Les pastilles ont été installées à l’intersection des rues Caisse et Evelyn, tout près de l’école Notre-Dame-de-la-Paix, à Verdun. « La priorité, c’était de sécuriser les déplacements des élèves, des parents et des piétons – parce que le métro est à un coin de rue », a expliqué Benoit Gratton, conseiller d’arrondissement. « Ça a été l’occasion de tester un nouveau concept. » Les pastilles de béton coûtent moins cher à construire que des saillies de trottoir et ne bloquent pas le passage aux cyclistes, a-t-il souligné. « J’ai plusieurs collègues qui regardent ce qu’on fait », a continué M. Gratton.

Un bilan positif, selon un conseiller d’arrondissement

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Le nouvel aménagement ne fait pas l’objet d’une signalisation particulière.

Le concept est inspiré de villes comme Ottawa et Hoboken, où les équipes d’urbanisme ont fait un travail de réflexion sur la protection des intersections. « Jusqu’à maintenant, c’est positif », a indiqué Benoit Gratton. « Tout le monde ralentit. Ça semble efficace. Et on n’a pas eu vraiment de plaintes, je n’ai pas eu de commentaires négatifs. » « On nous a rapporté que ça n’avait pas posé problème pour le déneigement », a-t-il ajouté.

Des bollards écopent…

Sur les huit bollards d’acier installés à l’origine sur les pastilles, seuls deux ont survécu aux accrochages. Les autres ont cassé lors d’accrochages. « Ces aménagements-là sont un peu sacrificiels, au début, le temps que les gens s’habituent. Les gens ne sont pas habitués, donc vont empiéter sur l’aménagement, mais à un moment donné ça va devenir un réflexe », a indiqué Véronique Dorval, ingénieure à l’arrondissement. Ce sont « principalement » les camions-poubelles qui sont à blâmer, selon elle, pour les bollards cassés. Ces structures sont conçues pour rompre à un endroit prédéterminé en cas de collision.

L’espace de circulation « contaminé »

Robert Poëti, ex-ministre des Transports et ex-porte-parole des concessionnaires automobiles, entretient des doutes importants sur ce type d’aménagements. « Regardez le nombre de pieds carrés qu’ils retirent de l’intersection. À mon avis, ça contamine davantage encore l’espace de circulation », a-t-il dit en entrevue téléphonique. « J’espère qu’avant d’en faire un autre, ils vont vraiment évaluer ça à sa juste mesure, qu’il y ait des caméras en permanence qui regardent comment ça se passe. »

« Ça devient instinctif »

Le nouvel aménagement ne fait pas l’objet d’une signalisation particulière, parce qu’il n’empiète pas directement sur la voie de circulation, a expliqué l’ingénieure Véronique Dorval, de l’arrondissement de Verdun. « Les pastilles sont alignées avec les voies de stationnement et non les voies de circulation. Alors ce n’est pas un obstacle dans la voie de circulation », a-t-elle dit. Les automobilistes qui voient cette intersection pour la première fois peuvent se poser des questions, mais « ça devient instinctif » avec l’habitude, a dit le conseiller d’arrondissement Benoit Gratton. Avant l’achèvement de l’aménagement, « ça générait beaucoup de confusion », a-t-il toutefois admis.