Les usagers du transport collectif sont moins fidèles depuis la pandémie. Le nombre d’abonnés annuels a diminué de 69 % et une baisse importante des ventes de laissez-passer mensuels se fait toujours sentir, ce qui pose plusieurs défis en matière de prévisibilité financière.

Des données de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) obtenues par La Presse montrent en effet l’étendue des dégâts qui ont été causés par la pandémie sur les revenus tarifaires dans la région.

En 2023, à peine 432 000 titres mensuels ont été vendus via des programmes d’abonnements annuels, contre 1,4 million en 2019, soit avant la crise sanitaire. Ce type d’abonnement suit une tendance claire à la baisse depuis les cinq dernières années.

Il faut dire que les avantages des abonnements annuels ont considérablement diminué ces dernières années. Avant, un engagement annuel représentait une économie d’environ 20 % sur le tarif mensuel, permettant de bénéficier de l’équivalent d’un mois gratuit et d’un tarif mensuel inférieur.

Or, depuis la refonte tarifaire, l’ARTM n’offre un rabais que de 5 $ par mois après 12 mois d’abonnement pour un abonnement annuel sur l’île de Montréal. Le forfait OPUS+, couvrant aussi Laval, Longueuil et les banlieues, offre néanmoins encore le 12mois gratuit, mais à un prix plus élevé.

Encore le spectre du télétravail

Le nombre d’abonnements mensuels vendus à l’unité a lui aussi chuté. L’an dernier, les quatre sociétés de transport du Grand Montréal ont fourni aux usagers environ 4,5 millions de titres mensuels, soit 77 % des quelque 5,8 millions qui avaient été vendus en 2019.

Après une forte baisse en 2020 et en 2021, au cœur de la pandémie, la vente d’abonnements mensuels semble essentiellement se stabiliser au niveau de l’achalandage prépandémique, qui oscille également entre 75 et 80 % dans la métropole.

La baisse des ventes de titres mensuels pourrait s’expliquer en partie par le fait qu’il faut prendre le transport collectif au moins quatre jours par semaine pour qu’un tel forfait soit rentable.

Mais la nouvelle réalité du télétravail amène encore aujourd’hui plusieurs travailleurs à n’aller au bureau que deux ou trois jours par semaine, parfois même moins.

Le directeur des affaires publiques de l’Autorité, Simon Charbonneau, ne cache pas que le modèle de fidélisation des sociétés de transport est « ébranlé ». « La prévisibilité est affectée de ce point de vue. Dans la région métropolitaine, nous avons perdu les deux tiers des abonnés annuels. Le modèle a changé », explique-t-il, en rappelant que « de nouveaux produits plus flexibles », comme les titres 24 heures et 3 jours, ont été introduits sur l’ensemble du territoire pour s’ajuster.

Cette baisse de fidélité survient alors que, cette année, de nouvelles négociations auront lieu pour trouver une nouvelle solution, en vue de la mise sur pied d’un cadre de financement « récurrent et prévisible » sur cinq ans dans le transport collectif.

Dans le budget du gouvernement publié mardi dernier, la somme prévue sur 10 ans dans le Plan québécois des infrastructures (PQI) n’a pas bougé pour les transports en commun, demeurant à 13,8 milliards, au même niveau que l’an dernier. La manière dont cette somme sera ventilée demeure toutefois méconnue, un flou qui suscite l’inquiétude dans l’industrie du transport collectif. Québec compte faire connaître ses engagements détaillés après les audits de performance qui sont actuellement menés sur les sociétés de transport.