La police de Montréal remet ces jours-ci des constats d’infraction à la tonne aux abords du pont Jacques-Cartier. Objectif : mettre fin au blocage de la circulation par certains automobilistes qui s’engagent sur une intersection sans vérifier si l’espace est suffisant. Pour une commandante dans le secteur, le phénomène est un véritable fléau.

« Ici, ce qu’on appelle l’interblocage, c’est vraiment très récurrent. Les gens ne regardent pas avant de traverser s’il y a suffisamment de place à l’avant pour libérer l’intersection », lance la cheffe du poste de quartier (PDQ) 22 dans le Centre-Sud, Krisztina Balogh.

« Ce genre de choses, ça pose des dangers importants pour tout le monde, dont les automobilistes eux-mêmes, mais aussi les piétons et les cyclistes qui essaient ensuite de contourner le véhicule. Avec le printemps qui arrive, les risques sont encore plus grands », explique-t-elle du même souffle.

Depuis lundi, des patrouilleurs font une « opération de visibilité » sur plusieurs tronçons du quadrilatère menant au pont Jacques-Cartier entre les axes Papineau, de Lorimier, Sherbrooke et Notre-Dame. Cette opération se poursuivra d’ailleurs jusqu’à vendredi.

Uniquement dans la journée de lundi, plus d’une centaine de constats d’infraction ont été remis à des usagers de la route, « alors que l’achalandage est peu élevé en début de semaine », confie Mme Balogh. « On s’attend à en remettre encore plus jusqu’à vendredi », lance-t-elle.

« Ce ne sont pas seulement des constats qu’on distribue. Après l’interpellation, on remet également aux gens des cartons sur lesquels on explique l’infraction, la problématique, et pourquoi on est là. Notre souhait à long terme, c’est de changer les mentalités et de rendre nos routes plus sécuritaires », poursuit la commandante.

Sur ces cartons, dont La Presse a eu copie, on peut notamment lire : « Vous avez été intercepté dans le cadre d’une opération policière visant la fluidité de la circulation. La sécurité des piétons, des cyclistes et des autres conducteurs, c’est aussi votre affaire. »

IMAGE FOURNIE PAR LE SPVM

Le carton remis aux automobilistes fautifs.

Des données préoccupantes

Il faut comprendre que l’an dernier, dans le quartier Centre-Sud, tout près de 500 automobilistes ont été épinglés pour de l’interblocage seulement.

Jusqu’ici en 2023, en moins de trois mois, ce sont environ 130 d’entre eux qui ont reçu une amende pour la même raison. « Tout ça, c’est sans compter toutes les autres infractions qu’on décèle autour d’une situation d’interblocage. C’est vraiment un problème important », insiste Krisztina Balogh.

Elle affirme que le phénomène est aussi remarqué par « plusieurs brigadiers sur la rue Sherbrooke, qui essaient de faire traverser des enfants ». « Ça n’a pas de bon sens que ces gens soient obligés de contourner des voitures sur un passage piétonnier qui leur est dédié », soulève la policière.

Ultimement, insiste encore cette dernière, de tels blitz de surveillance font la différence à long terme. « On en profite vraiment pour sensibiliser tout le monde. C’est un travail d’éducation constant. Ces cinq journées-là, au fond, c’est pour convaincre les gens d’être un peu plus patients. De toute façon, tout le monde est pris dans la congestion », conclut la commandante du PDQ 22.