Été 2021. Les coups de feu dans la métropole font les manchettes chaque semaine. La journée du 30 juillet ne fait pas exception. La terrasse extérieure réservée aux occupants de la luxueuse Tour des Canadiens, à Montréal, est le théâtre d’un épisode de violence armée en plein jour impliquant deux jeunes hommes connus des services de police. Le tireur s’enfuit ensuite pour prendre le métro coiffé d’un bonnet de douche, laissant son arme derrière.

Fritz-Entzcy Moïse-Alfred, 26 ans, a plaidé coupable mercredi devant la juge Lori Weitzman à une accusation de déchargement d’une arme à feu prohibée en lien avec cet épisode de violence armée dans un endroit public. Il a admis avoir tiré en plein jour en direction d’un homme dans la vingtaine connu des policiers.

Un appel au 911 est fait pour signaler des tirs survenus sur l’heure du midi sur la terrasse de la Tour des Canadiens en juillet 2021. L’espace commun est situé à l’arrière de l’immeuble. Les deux hommes impliqués dans ce énième épisode de violence armée ont donc une vue sur le trottoir où déambulent les passants.

Des séquences filmées par les caméras de surveillance du bâtiment et déposées en preuve lors de l’audience tenue à Montréal détaillent la scène.

Le tireur et la victime, Tshibamba Jordy Tshimanga, sont ensemble à l’intérieur de la Tour des Canadiens le matin du crime, selon l’exposé commun des faits lu par le procureur de la Couronne MJean-Philippe Mackay. Ils sont avec un groupe de personnes qui circulent entre deux étages.

Quelques heures plus tard, vers midi, les deux se retrouvent sur la terrasse.

Vêtu d’un short orange, de sandales et muni d’un sac à bandoulière pour homme, Moïse-Alfred s’approche de la victime. Il sort une arme de poing de son sac et tire en direction du jeune homme. L’assaillant regarde sa victime s’enfuir vers la rue Saint-Antoine Ouest. M. Tshimanga se rend ensuite à l’hôpital à bord d’un véhicule de marque Infiniti M35 conduit par une femme qui l’accompagne. M. Tshimanga, atteint à l’épaule gauche, refuse de collaborer avec les policiers et obtient son congé de l’hôpital la journée même.

Fuite en métro

Le tireur, lui, retourne à l’intérieur de l’appartement avec son sac à bandoulière. Il ressort sans le sac. Il se dirige vers la station de métro Bonaventure, à deux pas de la Tour des Canadiens. Dans les vidéos déposées en preuve, on peut voir M. Moïse-Alfred déambuler au centre-ville coiffé du bonnet de douche rose.

« L’enquête policière permet de suivre les déplacements de l’accusé entre la station de métro Bonaventure et la station de métro Cartier, à Laval », indique le résumé des faits. Les policiers perdent ensuite sa trace.

Les agents retrouvent une douille de 9 mm et des traces de sang sur la terrasse une fois sur place. Le suspect a déjà quitté les lieux. Ils arrêtent une femme transportant deux valises. Ils trouvent le sac du tireur dans l’une d’entre elles.

Moïse-Alfred est finalement arrêté en octobre 2021 par la police de Laval. Il a admis en interrogatoire être la personne vêtue d’un bermuda orange dans les captures d’écran et les vidéos tirées du système de surveillance de la Tour des Canadiens. Le gratte-ciel situé au centre-ville de Montréal se trouve à deux pas du Centre Bell et abrite des condos haut de gamme.

Un rapport présentenciel sera déposé pour la suite du processus judiciaire, une mesure plutôt inhabituelle pour ce type de crime. « Mon client tenait à expliquer ce qui s’est passé cette journée-là », a précisé l’avocat de la défense, MAnthony El-Haddad, à la juge Weitzman.

Le motif de l’attaque n’a pas été évoqué en salle d’audience mercredi.

MJean-Philippe Mackay représente le ministère public dans ce dossier. Les observations sur la peine sont prévues le 3 août prochain.