Des transferts vers le réseau artériel
Pour Pierre Barrieau, expert en planification des transports de l’Université de Montréal, l’impact des applications mobiles sera « limité » dans un contexte de forte congestion routière. « Un des problèmes de ces applications-là est qu’elles ne se gênent pas pour transférer le trafic vers le réseau artériel et même local. On peut donc s’attendre à une saturation plus élevée des petites rues. Ça s’est déjà vécu sur d’autres chantiers similaires en Amérique du Nord », fait-il remarquer. L’application Temps La Fontaine, conçue par le gouvernement pour offrir en temps réel les temps de parcours aux automobilistes, est aussi « relativement restreinte », croit le spécialiste. « J’aurais préféré voir l’accent mis sur des plateformes de covoiturage. Plusieurs fournisseurs québécois offrent des logiciels qui sont parmi les meilleurs au monde à cet égard », estime M. Barrieau.
Netlift aurait pu « contribuer »
Le cofondateur et PDG de la plateforme de covoiturage urbain Netlift, Marc-Antoine Ducas, déplore justement de n’avoir pas été mis suffisamment à contribution. « On n’a jamais été capables de s’intégrer avec les autorités, c’est d’ailleurs ce qui nous a obligés à concentrer notre offre sur les entreprises depuis l’an dernier », explique M. Ducas. Il se dit persuadé qu’une plateforme de covoiturage urbain « bien pensée et bien conçue » aurait pu réduire la congestion. « La mécanique d’entrée-sortie en covoiturage, elle est relativement simple. Et la quincaillerie numérique pour l’opérer, ça, c’est notre expertise. Elle est déjà prête », évoque-t-il. Aux yeux de M. Ducas, le succès du covoiturage repose sur trois critères : des voies réservées, du stationnement incitatif et des remboursements d’essence en fonction du kilométrage parcouru.
Manque de coordination
Derrière le débat des applications, se cache bien sûr celui de la congestion ambiante, que même la technologie a de plus en plus de mal à éviter, tous secteurs confondus. Ces derniers jours, de plus en plus de voix s’élèvent pour critiquer l’insuffisance des mesures d’atténuation autour du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, mais aussi leur manque de coordination. En entrevue avec La Presse jeudi, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a reconnu qu’un « défi de communication » s’imposait, « en particulier à quelques jours » de la fermeture du tunnel. « Mais on s’est assurés que nos communications sont bien faites, qu’on offre tout ce qu’on peut offrir, que le message passe bien partout dans les municipalités », s’est-elle défendue.
Communauto pourrait s’adapter
Chez Communauto, le vice-président Marco Viviani confirme quant à lui avoir eu des discussions dans les derniers mois avec plusieurs partenaires, « au sujet de la mobilité sur la Rive-Sud ». « On a discuté par exemple de la possibilité d’y élargir notre service FLEX, ce qui pourrait offrir un complément au transport collectif à certains usagers. Pour l’instant, on a des stations à Boucherville, mais elles ne sont pas si développées que ça, donc l’effet est limité », illustre M. Viviani. Il se dit d’ailleurs « certain » que beaucoup de gens « penseront à Communauto pour faire du covoiturage » interrives.
Le test des applis
Les applications peuvent-elles prévoir la durée d’un bouchon ? Très difficilement. Pour notre expérience, nous avons inscrit un déplacement prévu lundi matin, le 31 octobre, à partir de Boucherville, pour une arrivée à 8 h à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, à Montréal.