Le pont Jacques-Cartier ne reçoit pas seulement plus d’automobilistes : l’achalandage cycliste y est aussi en progression marquée depuis 2018. Plus éloigné du centre-ville, le pont Samuel-De Champlain enregistre quant à lui une légère baisse.

Depuis le début de 2022, en comptant donc seulement les neuf mois de janvier à septembre, les compteurs automatiques ont recensé pas moins de 450 750 passages à vélo ou à pied sur le pont Jacques-Cartier. De ce nombre, 84 % étaient effectués à deux roues, soit environ 378 630 trajets à vélo.

Sans surprise, les pics ont été observés durant la saison estivale, avec 76 630 passages sur la piste multifonctionnelle en juin, 92 800 en juillet et 80 760 en août. Pour les mois de juillet et d’août, il s’agit de hausses par rapport à 2021.

Globalement, la progression du vélo et de la marche ne fait aucun doute sur le pont Jacques-Cartier, dont la popularité tient beaucoup à sa proximité du centre-ville de Montréal. En 2018, on avait recensé 454 520 passages sur la piste multifonctionnelle, puis 469 780 en 2019, 513 820 en 2020, et 529 970 en 2021. En trois ans, l’achalandage a donc bondi de 15 %.

Les données pour les neuf premiers mois de 2022 permettent d’entrevoir que l’année pourrait établir un nouveau record. Durant la saison chaude, le nombre de passages a été légèrement supérieur à ceux enregistrés l’an dernier. Par contre, l’achalandage étant fortement lié à la météo, une arrivée hâtive de l’hiver pourrait venir brouiller les cartes.

Pour le moment, la société gérant le pont Jacques-Cartier demeure prudente à ce sujet. « On voit bien que les données des deux dernières années, entre juin et septembre, varient substantiellement. Il est donc difficile de prédire une augmentation à ce stade-ci en ce qui a trait au reste de l’année. Par ailleurs, la météo est un facteur important à considérer en termes de mobilité active : beaucoup de cyclistes rangent leur vélo en novembre ou en décembre », rappelle la porte-parole de l’organisme, Nathalie Lessard.

Fait à noter : les cyclistes et marcheurs hivernaux semblent aussi beaucoup plus nombreux avec le temps. Alors qu’au premier hiver d’exploitation de la piste multifonctionnelle du pont Jacques-Cartier, en 2020-2021, 14 034 passages avaient été enregistrés, on en a recensé environ 37 189 l’année suivante, en 2021-2022, soit un achalandage environ 2,6 fois plus élevé.

Mercredi, La Presse a révélé que l’achalandage automobile sur le pont Jacques-Cartier était passé à 98 % du niveau prépandémique en août à 105 % en septembre, alors qu’en janvier, c’était 65 %. Sur le pont Samuel-De Champlain, on recensait 120 000 véhicules par jour à l’automne 2019, et 145 000 en septembre dernier, soit 121 % du niveau prépandémique.

Un peu moins de vélos sur le pont Samuel-De Champlain

Plus au sud, sur le nouveau pont Samuel-De Champlain, l’achalandage cycliste et piéton semble quant à lui suivre une légère tendance à la baisse. De mai à octobre 2022, le Groupe Signature sur le Saint-Laurent (GSSL) rapporte un achalandage quotidien de près de 1600 déplacements.

C’est moins qu’en 2020, où l’on dénombrait plus de 2000 passages par jour pour la même période. Cette année-là, la moyenne quotidienne avait été de 1543 déplacements. En 2021, ce sont 1081 piétons ou cyclistes qui ont fréquenté le pont ; ils étaient néanmoins plus nombreux entre mai et octobre de la même année, soit environ 1700 chaque jour. De manière générale, la répartition entre cyclistes et piétons sur le pont Samuel-De Champlain est d’environ 85 % contre 15 %.

Selon le porte-parole du GSSL, Martin Chamberland, la « stabilité » des données piétonnes et cyclistes du pont Samuel-De Champlain « est explicable avant tout par son positionnement géographique à l’écart des centres-villes de Montréal et de Longueuil, et des connexions avec le centre-ville de Montréal qui ne sont pas optimales, ce qui pourrait augmenter la part des déplacements utilitaires ».

L’achalandage de la piste multifonctionnelle demeure donc, pour l’instant, majoritairement récréatif et sportif, et concentré les fins de semaine et les jours de conditions météorologiques favorables.

Martin Chamberland, porte-parole du Groupe Signature sur le Saint-Laurent

Chez Vélo Québec, la directrice des programmes, Magali Bebronne, s’est réjouie de l’achalandage en hausse sur le pont Jacques-Cartier, tout en soulignant que plusieurs avancées peuvent encore être faites.

« Pour moi, ça démontre que le vélo est une alternative crédible, et encore plus avec tout ce qui s’en vient avec la fermeture du pont-tunnel. Il faut espérer que les gens vont changer leur habitude de transport. Parfois, un trajet est trop long pour le vélo, mais ça reste un moyen de rabattement hyper efficace vers d’autres modes de transport collectif », illustre Mme Bebronne.

Elle soutient que le vélo « n’est vraiment pas au bout de son potentiel ». « La Ville de Montréal vise 15 % de part modale du vélo d’ici 2027. Mais on en est encore loin. Et surtout, quand on sait que 36 % des travailleurs québécois vivent à moins de 5 km de leur lieu de travail, on voit tout le potentiel », conclut la directrice des programmes de Vélo Québec.