C’est l’ancien président du conseil d’administration de la Société de transport de Montréal (STM), Philippe Schnobb, qui sera chargé de mener l’enquête indépendante sur Fierté Montréal, dans la foulée de l’annulation surprise et fortement dénoncée du défilé, dimanche dernier. La Ville dit d’abord et avant tout vouloir « rétablir la confiance du public envers l’organisme ».

« J’entame cette mission avec diligence et sensibilité. J’ai à cœur le succès des prochaines éditions de cet évènement essentiel pour la communauté et la Ville de Montréal. L’analyse que j’effectuerai, en collaboration avec le conseil d’administration de Fierté Montréal, permettra de solidifier la gouvernance de cette organisation et de rétablir la confiance du public », a expliqué le principal intéressé dans une déclaration, vendredi.

Sa nomination a été officiellement entérinée par le conseil d’administration de Fierté Montréal, jeudi soir. M. Schnobb, qui travaillera de façon bénévole, dit souhaiter que les recommandations qui se dégageront éventuellement de ses travaux « contribuent au succès et à la pérennité de la mission de Fierté Montréal ».

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L’ancien président de la Société de transport de Montréal (STM), Philippe Schnobb

Au cours des derniers jours, l’annulation surprise du défilé de la métropole a été dénoncée par plusieurs membres de la communauté LGBTQ+, dont plusieurs appellent à revoir l’organisation de cet évènement phare. Michel Dorion, personnalité bien connue du Village gai et ex-responsable du défilé de Fierté Montréal, a notamment parlé d’une « faute grave » de l’organisation, en appelant à « une réflexion sérieuse au sein de l’équipe de direction et aussi au sein du C. A. ». « Il y a des gens qui dormaient sur la switch. […] On doit avoir plus de réponses et surtout plus de solutions pour être certain que ça ne se reproduise jamais », avait-il réclamé en entrevue.

La Presse avait également rapporté lundi qu’un simple oubli de la part de Fierté Montréal avait mené à l’annulation du défilé. Le directeur général de l’organisme, Simon Gamache, avait indiqué que certains employés devaient embaucher environ 100 agents d’accueil rémunérés pour la tenue de l’évènement, mais que cela n’avait pas été fait. En ligne, une pétition réclamant la démission de Simon Gamache est apparue en début de semaine, peu après ces révélations.

Une expertise jugée centrale

Pour l’administration Plante, l’expertise de Philippe Schnobb en gouvernance sera centrale durant l’enquête. Depuis son départ de la STM en septembre 2021 — il a été président du conseil d’administration pendant plus de huit ans —, M. Schnobb préside le comité de gouvernance de la Fondation Émergence, un organisme ayant pour mission de lutter contre l’homophobie et la transphobie. Il a également complété l’an dernier un certificat en gouvernance des sociétés, au Collège des administrateurs de sociétés.

« C’était essentiel pour nous de nous assurer que des mécanismes soient rapidement mis en place, afin de faire la lumière sur cette annulation et plus largement, d’assurer le succès des prochaines éditions du défilé », a par ailleurs indiqué vendredi la mairesse de Montréal, Valérie Plante, lorsqu’appelée à réagir.

Chez Fierté Montréal, le président du conseil d’administration, Moe Hamandi, a dit être « déterminé à rebâtir la confiance de la population et de toute la communauté », en ajoutant que son équipe « poursuit son post-mortem interne » et offrira « sa pleine collaboration à M. Schnobb ».

« L’analyse sera menée avec l’entière collaboration du conseil d’administration et permettra de faire la lumière sur le fil des évènements et les structures de gouvernance qui ont pu mener à l’annulation du défilé. Des recommandations seront formulées et soumises à l’organisation dans les prochains mois », a aussi précisé la Ville de Montréal dans un communiqué.

Selon nos informations, les 600 000 $ investis par l’administration municipale dans les festivités de Fierté Montréal ont été utilisés en bonne partie par l’organisme, qui a tout de même tenu plusieurs activités tout au long de la semaine dernière. Des sources ont toutefois indiqué qu’un dernier versement restait à être fait. Il correspond à environ 10 % de ce montant, soit 60 000 $.

En théorie, ce montant devrait être utilisé dans le cadre de l’enquête indépendante. C’est le contrôleur général de la Ville, Alain Bond, qui déterminera comment, où et pourquoi ladite somme sera utilisée, de concert avec Philippe Schnobb.

Avec Vincent Larin, La Presse