Malgré une forte hausse du nombre d’homicides et de fusillades dans la métropole, comme l’indiquait lundi le rapport annuel du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), l’administration Plante maintient que la ville « demeure sécuritaire ». Elle salue au passage « l’effort colossal » des autorités policières dans le contexte.

« Pour nous, ce n’est pas vraiment une surprise. On sait qu’il y a une hausse de la violence armée », a indiqué mardi après-midi le responsable de la sécurité publique au comité exécutif, Alain Vaillancourt, lors d’une brève mêlée de presse à l’hôtel de ville.

Il soutient que les efforts mis en place par la Ville et le SPVM depuis plus d’un an portent leurs fruits, même s’ils ne sont pas toujours visibles. « Les enquêtes demandent du temps. On verra des résultats dans l’avenir », a-t-il illustré en anglais, en insistant sur le fait que « si on se compare avec d’autres villes en Amérique du Nord et les indicateurs de sécurité, Montréal demeure sécuritaire ».

Pas moins de 25 129 crimes contre la personne ont été perpétrés à Montréal l’an dernier, soit 17,3 % de plus par rapport à la moyenne des cinq années précédentes, un record depuis 10 ans. Le rapport du SPVM confirme aussi l’impression de beaucoup que les épisodes de coups de feu sont de plus en plus fréquents dans la métropole. La moitié des homicides et des tentatives de meurtre commis sur le territoire du corps policier montréalais en 2021 impliquait la présence ou l’utilisation d’une arme à feu.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Alain Vaillancourt, responsable de la sécurité publique au comité exécutif de la Ville de Montréal

« On n’attend pas les rapports ou les incidents pour agir », a aussi souligné M. Vaillancourt, en rappelant que la Ville a bonifié de 45 millions le budget de la police et de ses unités mixtes. L’équipe ELTA, mise sur pied dans la foulée de l’augmentation des évènements violents, a d’ailleurs retiré 700 armes du marché l’an dernier. Le budget des organismes communautaires a aussi été doublé, à 20 millions.

« Les équipes du SPVM font ce qu’elles ont à faire, elles sont très agiles et s’adaptent dans le contexte », a ajouté l’élu, pour qui le démantèlement d’un réseau majeur de production et de distribution d’amphétamines, mais aussi d’armes de poing, survenu fin mai, est un exemple de réussite.

M. Vaillancourt a répété que le projet de loi du gouvernement Trudeau, qui a proposé un gel sur la vente des armes de poing, est « un pas dans la bonne direction ».

On réitère qu’on aimerait que ça soit banni complètement, mais pour nous, c’est un bon premier pas.

Alain Vaillancourt, responsable de la sécurité publique au comité exécutif de la Ville de Montréal, à propos des armes de poing

Au cabinet de la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, on indique avoir « également constaté » une hausse d’évènements violents. « Notre gouvernement se concentre sur cette problématique depuis quelque temps déjà. […] Ces dernières semaines, la ministre Guilbault a d’ailleurs convoqué les directeurs de police de Montréal, Laval, Longueuil et de la Sûreté du Québec pour connaître leur stratégie pour l’été. Nos policiers sont prêts », indique l’attaché de presse, Louis-Julien Dufresne.

Critiques de l’opposition officielle

Dans les rangs de l’opposition officielle, le porte-parole en matière de sécurité Abdelhaq Sari n’a pas manqué de condamner ce qu’il perçoit comme « du laxisme et un manque de compétence » de la Ville. « On a une administration qui n’est même pas consciente du problème. […] J’ai peur pour notre ville, j’ai peur pour nos jeunes », a-t-il lancé, en disant craindre que les fusillades augmentent encore et encore.

« En 2021, il manquait plus de 377 policiers sur le terrain. Ça donne des policiers qui se désengagent, qui sont fatigués, qui sont en burn-out. Il faut les soutenir », a renchéri M. Sari, dont le parti demande de combler le vide d’effectifs pour le ramener au niveau de 2017, soit environ 4600. En campagne électorale, Valérie Plante avait laissé entendre qu’elle embaucherait 250 policiers supplémentaires, avant de préciser après sa victoire que la majorité de ces embauches serviraient en fait à remplacer des départs à la retraite.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Valérie Plante, mairesse de Montréal

L’élu de l’opposition se demande s’il laissera maintenant son fils « aller seul à l’école ». « Il faut aller demander aux parents qui ont perdu leurs enfants si la ville est sécuritaire », a-t-il poursuivi.

Le nombre d’évènements où une arme à feu a été déchargée a plus que doublé en 2021 par rapport à l’année précédente, passant de 71 à 144. Le SPVM estime que ce phénomène pourrait s’expliquer en partie par une augmentation marquée de 30 % du nombre d’appels de citoyens.

Avec la collaboration de Vincent Larin, La Presse

En savoir plus
  • 32 %
    Le nombre de dossiers pour des cas d’agression sexuelle a bondi de 32,2 % l’an dernier par rapport à la période 2016-2020. Pour la Ville, cela est aussi signe que les victimes se sentent plus à l’aise de dénoncer.
    SOURCE : spvm
    6527
    Les vols de véhicule ont explosé l’an dernier, passant de 4789 en 2020 à 6527 en 2021. La police de Montréal a par ailleurs fait usage de gaz irritants à 191 reprises l’an dernier, soit presque quatre fois plus souvent qu’en 2020.
    SOURCE : spvm