Des milliers de cyclistes ont envahi dimanche les rues de Montréal, à l’occasion de la 37e édition du Tour de l’île, un évènement qui permet chaque année à de nombreuses personnes de se familiariser avec le vélo en contexte urbain, dans des rues leur étant entièrement réservées.
« C’est notre première fois en famille. On est vraiment contents. C’est super d’avoir l’occasion de rouler ensemble, de façon sécuritaire », lance François Trépanier, un père de famille venu avec sa conjointe Isabelle Leduc et leurs deux enfants, Rémy et Justin.
Pour lui, faire du vélo à Montréal pose encore certains « enjeux de sécurité ». « On n’en fait pas encore souvent au quotidien. Avec les enfants, on va plutôt souvent dans les sentiers de vélo de montagne, où il n’y a pas de circulation. Ici, il y a encore beaucoup de travail à faire. Le monde idéal, ce sont vraiment des routes réservées aux cyclistes. Même les pistes cyclables, ce n’est pas nécessairement un gage de sécurité », dit-il.
Au-delà du vélo, le Tour de l’île, c’est aussi une question d’amour, surtout pour Patrick de Rosa et Suzanne Gagnon, qui s’y sont rencontrés il y a dix ans. « Il m’avait vue de loin, il est venu jaser, on a fait le Tour ensemble. Et depuis ce temps-là, on est ensemble. Et on revient chaque année. C’est une passion pour nous, le vélo », lâche tout sourire Mme Gagnon.
Lucie Des Parois, elle, en est déjà à son dixième Tour de l’île avec son conjoint Daniel Perreault. « Avec la musique et l’ambiance, pour nous, c’est vraiment folklorique, lance-t-elle. Je trouve que ça conscientise vraiment les gens par rapport à l’importance du transport actif, et avec le prix du gaz qui augmente sans cesse, c’est d’autant plus nécessaire. »
Vers une « culture cyclable »
Le PDG de Vélo Québec, Jean-François Rheault, avait une journée occupée. « C’est vraiment un évènement important pour la construction d’une culture cyclable. Les gens nous le disent : ça les incite à faire plus de vélo par la suite. Et ça attire l’attention de la société en général sur l’importance du vélo pour la ville », indique-t-il. « Ça crée vraiment une communauté, un mouvement citoyen pour réclamer plus de pistes sécuritaires. La classe politique en prend note », ajoute le porte-parole de l’évènement, Émile Bilodeau.
D’après Stein van Oosteren, auteur du livre Pourquoi pas le vélo ? qui est en visite à Montréal ces jours-ci, le Tour de l’île « a un impact très clair sur les mentalités, parce qu’il met le vélo dans l’espace public ». Le fait de voir le vélo et à quel point ça peut être un moteur de transformation massif, c’est déjà beaucoup pour changer les mentalités », lance-t-il.
Plus loin, au fil de départ, Bobby et Florence Chan se préparaient à leur deuxième édition, avec leur fils Nicolas. « Moi, je faisais beaucoup de vélo avant, mais lui, quand il était tout petit, on en a fait moins. Là, ça l’intéresse, il est excité, donc on est contents. On veut le garder actif », lance M. Chan.
Denis Hébert et Sylvain Pechard, des amis de longue date, sont des aguerris du Tour de l’île. « Je pense que la troisième année que ça a commencé, j’étais là, lance le premier en riant. Pour nous, c’est comme le premier départ de la saison. C’est sécuritaire et tu peux te promener où tu veux. On adore. »
« Je viens de Saint-Jean-sur-Richelieu et j’en fais beaucoup là-bas. Il y a des sentiers partout, c’est merveilleux. Avec la pandémie, il y a beaucoup plus de gens. C’est beau de voir ça, et surtout les jeunes avec les parents. C’est la prochaine relève », glisse aussi Sylvain Pechard.
« Il faut qu’on accélère », dit la Ville
Le maire du Plateau-Mont-Royal et responsable du développement économique, Luc Rabouin, assure que la Ville est consciente des avancées à faire sur le réseau cyclable, souvent inégal d’un arrondissement à l’autre. « Avec la pandémie, les ventes de vélos ont explosé. Il faut que les aménagements suivent partout. Il faut qu’on accélère, on le sait. On l’a vu avec le REV [Réseau express vélo]. Quand on le fait, ça marche », avance-t-il.
« Ils ont raison, les citoyens. Il faut sécuriser le vélo. Montréal, c’est une des plus grandes villes cyclistes au monde, qui va continuer à l’être. Il faut amener les gens au transport actif. C’est l’avenir de notre planète », ajoute la ministre responsable de la Métropole, Chantal Rouleau. Non loin de là, le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, salue l’implication de Vélo Québec. « Leur mission en sensibilisation est essentielle. De notre côté, on est le premier gouvernement à avoir mis un programme permanent de financement des infrastructures de transport actif depuis 2018 pour les municipalités. C’est jusqu’à 400 millions par année. On peut dire que ce n’est pas beaucoup, mais c’est tout de même 400 millions de plus qu’avant. Et c’est récurrent », conclut-il.
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- Nombre de cyclistes ayant parcouru 36 kilomètres à travers le Plateau Mont-Royal, Rosemont, Outremont, Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Westmount, le Sud-Ouest et Ville-Marie.
source : vélo québec- 18 000
- Nombre de cyclistes ayant pris part au Tour la nuit, vendredi, un record pour l’évènement.
Source : Vélo Québec