« Le cimetière tombe en ruine. On a un enterrement vendredi prochain et regardez avec quoi on doit travailler ! », lance Debra Czop, exaspérée.

C’est un samedi matin typique au cimetière Notre-Dame-des-Neiges. Des familles se recueillent devant la tombe d’un être cher, y déposent un joli bouquet de fleurs… puis sortent leurs outils de jardinage.

Sécateurs, pelles, taille-herbes : place au débroussaillage. Car les mauvaises herbes envahissent le cimetière. Par endroits, les tombes disparaissent carrément sous la végétation sauvage.

« C’est affreux », lâche Debra Czop, les deux genoux dans la terre. Depuis une demi-heure, sa mère et elle nettoient le petit quadrilatère autour de la tombe familiale. La semaine prochaine, leurs proches feront la route de Toronto pour les funérailles d’un cousin.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Samedi, Anne et Debra Czop dégageaient les environs de la tombe familiale en prévision des funérailles d’un cousin.

« J’ai été voir la direction. J’ai demandé s’ils pouvaient s’assurer qu’au moins le gazon serait coupé. On m’a dit qu’il fallait que je fasse une demande spéciale », s’insurge Anne Czop, avant de reprendre le sécateur au sol.

« On a acheté ça et on va le faire à la main », dit la dame de 83 ans, découragée.

Son effort est interrompu par une jeune famille qui cherche de l’eau pour arroser ses fleurs. « Il n’y a pas d’eau », s’empresse de les avertir Debra Czop. En effet, les robinets disposés un peu partout sur le terrain sont à sec. Il faut se rendre plus loin, à l’un des gros (et rares) réservoirs du site.

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Greg Reynard

« Les lignes d’eau doivent être réparées et le gazon coupé de temps en temps. Le monde paye pour des choses comme ça », se désole le père de famille Greg Reynard.

Manque de personnel

« C’est le client qui souffre au bout de la ligne. Chaque jour, les gens arrivent et pensent qu’on est en grève », se désole Patrick Chartrand, président du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du cimetière Notre-Dame-des-Neiges (CSN).

Le manque de personnel compromet l’entretien du cimetière, affirme-t-il.

L’an dernier, 26 employés – qui occupaient principalement des postes d’entretien – ont été mis à pied. L’employeur justifiait la réduction du personnel par « un déficit monétaire », rapporte M. Chartrand.

Conséquence : l’entretien du cimetière en a souffert. Et ça ne s’annonce pas mieux cet été.

On est encore en train de perdre le contrôle. Il y a un retard énorme juste sur le gazon, et on est en début de saison.

Patrick Chartrand, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs du cimetière Notre-Dame-des-Neiges

Selon le syndicat qui compte environ 100 membres, l’employeur aurait tenté de réembaucher le personnel congédié l’an dernier, mais « après un an, il y a des gens qui ont trouvé un autre emploi ». « Il y a aussi eu plusieurs départs à la retraite », dit M. Chartrand.

« Si on veut offrir le service comme c’est supposé, il va falloir qu’il y ait plus de personnel sur place », souligne-t-il néanmoins.

Le cimetière Notre-Dame-des-Neiges n’avait pas répondu à notre demande d’entrevue samedi.

Rappelons que les employés du cimetière sont sans contrat de travail depuis décembre 2018. La pandémie a ralenti les négociations, note le syndicaliste, mais « trois ans, c’est beaucoup trop long ».