Un troisième vélo fantôme en trois jours a été installé lundi à Montréal, cette fois en la mémoire de Joanna Barcessat, une mère de famille et femme d’affaires de 52 ans qu’on décrivait comme une amoureuse du cyclisme.

Mme Barcessat est décédée le 27 octobre dernier, quand un automobiliste l’a percutée au coin de l’avenue Saint-Pierre et de la rue Notre-Dame. Il s’agit du 19e mémorial à être installé par l’organisme Vélo fantôme dans la métropole, avec toujours les mêmes objectifs : sensibiliser la communauté à la vulnérabilité des cyclistes sur la route et mobiliser les élus pour sécuriser davantage les infrastructures cyclables.

De nombreux accidents se sont en effet produits au fil des années dans le secteur où est décédée Mme Barcessat. Il y a cinq ans, en 2017, une femme âgée de 80 ans avait été happée par le conducteur d’un poids lourd, à la même intersection, dans l’arrondissement de Lachine.

« Pour une fois, on est dans la juridiction provinciale avec l’échangeur Saint-Pierre. Et on aimerait vraiment que Québec montre l’exemple et agisse vite avec un aménagement temporaire », a affirmé la porte-parole du collectif, Séverine Lepage, en marge de la cérémonie, lundi matin.

Elle déplore que rien n’est encore prévu alors que « plusieurs personnes sont décédées » autour de cet échangeur. « C’est honteux de laisser ça aller. C’est une intersection atroce », fustige Mme Lepage, dénonçant « le manque de prise de responsabilités » du ministère des Transports (MTQ). « Quelqu’un doit faire quelque chose et ça presse. Nous, on n’en a tout simplement pas le pouvoir », presse-t-elle.

PHOTO FOURNIE PAR JACLYN TURNER

Quelques dizaines de personnes ont assisté à la cérémonie, lundi.

« Ne pas refaire à l’identique »

Sur place, la mairesse de Lachine Maja Vodanovic a aussi dénoncé lundi que l’échangeur Saint-Pierre « n’est toujours pas dans le Programme des immobilisations (PDI) » du gouvernement du Québec. « Saint-Pierre venait après Turcot, et pourtant il a été repoussé. Ce qu’on veut, c’est qu’il ne soit pas refait à l’identique, car il est dangereux actuellement », affirme l’élue.

« Quand cet échangeur va être démoli, il faut mettre l’autoroute ailleurs. Ça serait bien qu’au moins un petit bout soit sous terre, un peu comme sur Décarie, pour qu’on puisse traverser. Et on demande de faire ça plus vite que plus tard », insiste la mairesse, qui déplore que ces voies de camionnage soient « le seul moyen pour les gens du nord de Lachine de se rendre vers le Sud ».

Mme Vodanovic dit déjà avoir réalisé des interventions ponctuelles, comme des ajouts de feux piétons. « On a fait ce qu’on pouvait faire à l’arrondissement, mais ça reste que les vélos doivent traverser deux entrées d’autoroute. Je ne peux pas physiquement changer ça. La Ville va faire encore des interventions, mais on aurait aimé se coordonner avec le gouvernement », insiste-t-elle.

Selon nos informations, une rencontre est prévue mardi entre l’arrondissement de Lachine et le MTQ. L’enjeu de la sécurité entourant l’échangeur Saint-Pierre devrait être abordé. Le cabinet du ministre des Transports, François Bonnardel, n’avait pas répondu à nos questions au moment de publier.

Plus tôt, samedi, un vélo fantôme avait été installé sur le chemin de l’Anse-à-l’Orme, dans l’ouest de l’île de Montréal, pour honorer la mémoire d’Irène Dehem, une cycliste happée mortellement à cet endroit un an auparavant. Dimanche, une autre cérémonie avait aussi eu lieu au coin de la rue Berri et du boulevard Henri-Bourassa, en mémoire de Suzanne Chartrand, décédée à cette intersection en septembre 1981.