Les automobilistes qui pestent contre la multiplication des cônes orange dans les rues ont sans doute raison de se plaindre de la mauvaise coordination des travaux : la vérificatrice générale (VG) de la Ville de Montréal, Michèle Galipeau, en vient à la même conclusion dans son plus récent rapport, qui dénonce le fait que les autorités municipales n’ont pas de vue d’ensemble des chantiers qui peuvent avoir un impact sur la circulation automobile.

« Les travaux actuels ne recensent pas l’ensemble des projets qui se réaliseront autant sur la rue que hors rue et qui ont des impacts sur la voie publique », écrit la vérificatrice générale dans son rapport déposé lundi au conseil municipal.

Cette vision incomplète des projets n’assure pas une planification et une coordination optimale des travaux sur le réseau routier avant leur réalisation, ce qui peut entraîner des impacts négatifs sur la mobilité des usagers.

Michèle Galipeau, vérificatrice générale de la Ville de Montréal, dans son plus récent rapport

D’entrée de jeu, la VG remarque elle-même que, depuis plusieurs années, la Ville de Montréal « est reconnue pour la multitude de chantiers qui se réalisent sur le réseau routier municipal ainsi que d’innombrables détours qu’ils occasionnent ».

Bien sûr, ces nombreux travaux sont nécessaires afin de réparer, d’optimiser ou de moderniser les infrastructures, poursuit-elle.

Elle note que les travaux de la Ville comptent pour 30 % du total des chantiers sur le territoire, alors que la majorité des travaux sont réalisés par le ministère des Transports du Québec (MTQ), les entreprises de réseaux techniques urbains comme Hydro-Québec, Energir et Bell ainsi que les entrepreneurs privés.

Il faut donc que les responsables municipaux aient des informations sur les chantiers de tous ces intervenants.

Or, la VG conclut « que l’approche déployée par la Ville, soit par la mise en place de processus de planification et de coordination des projets, n’est pas pleinement efficace pour lui permettre d’avoir proactivement une vue d’ensemble des chantiers qui peut impacter son réseau routier et d’en minimiser les impacts pour les usagers ».

Aide aux PME et forêt urbaine

La VG s’est penchée sur d’autres sujets dans son rapport 2021, notamment le Programme Aide d’urgence aux petites et moyennes entreprises (PAUPME) et la politique de l’arbre.

Le PAUPME est le programme mis en place par le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI) pour soutenir les entreprises touchées par le ralentissement économique causé par la pandémie de COVID-19.

En enquêtant à ce sujet, la VG a découvert que « 19 % des dossiers examinés ayant obtenu un prêt ne respectaient pas au minimum un critère d’admissibilité au programme établi par le MEI ».

« De plus, les commentaires justifiant l’analyse financière sont à géométrie variable et ne permettent pas toujours de bien capturer le risque de l’entreprise et d’appuyer l’octroi du prêt », peut-on lire dans le rapport.

Si un programme du genre était instauré dans l’avenir, la Ville devrait « mettre en place des contrôles plus rigoureux pour en assurer une saine gestion », conclut la VG.

Sur la politique de l’arbre, la VG est d’avis que « le portrait de la forêt urbaine de la Ville n’est ni complet, ni centralisé. En l’absence de standards établis, les pratiques d’entretien sont disparates et incomplètes pour des activités essentielles au maintien et au développement des arbres ».

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La vérificatrice générale de Montréal est d’avis que « le portrait de la forêt urbaine de la Ville n’est ni complet, ni centralisé ».

Elle remarque notamment que, entre 2012 et 2020, près de 100 000 arbres ont été plantés, mais qu’en raison des abattages de frênes et d’arbres de toutes les autres espèces, la croissance nette de la forêt urbaine s’élève à seulement 30 146 arbres publics.

Elle déplore le fait que l’inventaire des arbres publics est incomplet et leur état, méconnu, et que les arbres morts et la cause de leur mortalité ne sont ni documentés ni suivis.