Montréal veut « dynamiser sa vie nocturne », malmenée par la pandémie. L’administration Plante compte réaliser des études et des projets-pilotes l’été prochain dans le but de tester des heures d’ouverture prolongées dans certains bars. Un programme de subvention pour les salles de spectacles voulant réduire le bruit verra aussi le jour dès juin.

« On veut dynamiser la vie nocturne, mais on ne veut pas le faire n’importe comment. Il y a des gens qui veulent dormir, il y a des gens qui veulent faire la fête », a prévenu la mairesse Valérie Plante, lundi, lors d’une conférence de presse, en parlant d’un « juste équilibre » à trouver pour « favoriser la cohabitation ».

Son administration vise à adopter d’ici 2023 une politique de la « vie nocturne ». La Ville s’engage d’ici là à dégager 2,1 millions pour un « plan d’action » qui permettra entre autres de réaliser des études et des analyses pour « mieux comprendre » les enjeux propres à l’écosystème de la nuit.

Une somme de 1,4 million ira aussi dans un nouveau programme de subvention pour les salles de spectacles alternatives de moins de 400 places. Dès juin, celles qui le souhaitent pourront être financées pour réaliser des « études acoustiques » afin de réduire leur bruit dans le voisinage, dans le but d’éventuellement pouvoir fermer plus tard. Le programme s’échelonnera sur deux ans, jusqu’en 2024.

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Valérie Plante, mairesse de Montréal

En demeurant prudente, Valérie Plante a toutefois indiqué avoir besoin de « données » avant de trancher quant à savoir si, par exemple, des bars ou d’autres établissements pourraient ouvrir au-delà de 3 h.

Est-ce que c’est par coin, est-ce que c’est par établissement ? Tout est possible. […] C’est vraiment de tester des choses pour qu’en 2023, on ait notre première politique.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Le tout survient à quelques jours de l’évènement Montréal au sommet de la nuit, prévu les 21 et 22 mai à la Société des arts technologiques (SAT). Des artistes locaux et internationaux doivent s’y produire sans interruption durant le week-end. De l’alcool pourra être servi en continu en vertu d’une dérogation accordée par la Ville de Montréal aux organisateurs de l’évènement.

Des obstacles demeurent toutefois afin de reproduire cette idée. L’idée d’autoriser l’ouverture des bars jusqu’à 6 h avait déjà été évoquée par l’ex-maire Denis Coderre, il y a quelques années, mais la Régie des alcools avait refusé d’aller de l’avant, jugeant qu’une telle décision nuirait à la tranquillité et à l’intérêt public. À l’époque, M. Coderre avait condamné le fait que la Régie ait « erré dans sa façon de percevoir la chose ».

« Cette annonce de l’administration sonne comme un vieux disque rayé. Il y a déjà eu plusieurs expériences d’heures d’ouverture étendues des bars bien au-delà de 3 h. […] Il n’y a rien de nouveau à l’horizon. Il demeure que pour créer de l’achalandage de nuit, il faut développer davantage l’offre culturelle », a d’ailleurs réagi lundi le conseiller de l’opposition Julien Hénault-Ratelle.

2,26 milliards de dépenses directes

Mathieu Grondin, directeur général de l’organisme Montréal 24/24, a dévoilé lundi un « portrait économique » de la vie nocturne, avec des chiffres qui permettent selon lui de se comparer aux autres grandes villes dans le monde. « Les nuits de la métropole, c’est-à-dire ses bars, ses restaurants, ses salles de spectacles et ses festivals, représentent 2,26 milliards de dollars en dépenses directes, ce qui inclut 121 millions en retombées fiscales pour le gouvernement », a-t-il plaidé, en rappelant que cette industrie regroupe aussi 33 559 emplois et une masse salariale de 994 millions.

En 2019, 22 % des touristes ont choisi Montréal en raison de son nightlife, dit M. Grondin, ce qui représente 2,44 millions de visiteurs et 909 millions de dépenses.

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Mathieu Grondin, directeur général de l’organisme Montréal 24/24

Si cette part du tourisme nocturne venait à croître pour représenter 33 % de la masse touristique, comme c’est le cas à Amsterdam et à Berlin, ce sont 676 millions supplémentaires qui seraient injectés dans l’économie locale.

Mathieu Grondin, directeur général de l’organisme Montréal 24/24

Montréal 24/24 milite depuis déjà quelques années pour offrir plus de possibilités à l’industrie. Le groupe demande entre autres la révision du règlement sur le bruit afin de le doter d’une « norme objective », et la désignation de « zones nocturnes » où les activités commerciales pourraient se dérouler en continu.

« Chaque dollar investi en infrastructures pour la vie nocturne possède un retour sur investissements de 265 % », a aussi affirmé Mathieu Grondin, en expliquant qu’une prolongation des heures d’ouverture de certains bars exigerait forcément des investissements municipaux supplémentaires en matière de voirie.

Appel à tous

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