Après avoir battu un record de chaleur datant de 1893 jeudi, Montréal pourrait vivre dans les prochains jours la canicule la plus précoce depuis que ces données sont systématiquement enregistrées.

Déjà, les Montréalais ont eu particulièrement chaud pour un 12 mai. Les 30,3 °C enregistrés jeudi ont en effet dépassé de plus d’un degré le précédent record de 28,9 °C établi à la même date.

Et c’est loin d’être fini. Selon le météorologue à Environnement Canada Dominic Martel, la région métropolitaine pourrait très bien battre des records de chaleur vendredi et samedi.

Pour ce faire, il s’agirait de dépasser les marques de 28,5 °C pour un 13 mai et de 29,2 °C pour un 14 mai. Or, on annonce plus de 30 °C pour ces deux journées, la température la plus chaude devant être atteinte samedi.

« Donc, techniquement, il s’agirait d’une canicule. » Environnement Canada définit une canicule comme une période de trois jours consécutifs avec un maximum de 30 °C et plus au mercure, sans tenir du facteur humidex, explique Dominic Martel.

Si on l’a [cette canicule], il s’agirait de la plus précoce depuis qu’on enregistre ces données.

Dominic Martel, météorologue chez Environnement Canada

La canicule la plus précoce jamais enregistrée par les météorologues aurait débuté le 17 mai 1911, soit cinq jours plus tard que cette année.

Pas si inconfortable

Il n’y a rien d’étonnant à ce que le temps chaud ne vous affecte pas particulièrement. « Ce n’est pas comme une canicule de juillet ou août où les températures restent inconfortables pendant la nuit. En ce moment, ça reste autour de 15 °C [la nuit] », souligne Dominic Martel.

Comme l’air humide se réchauffe et se refroidit plus lentement, les températures actuelles varient énormément entre le jour et la nuit, ajoute-t-il.

Elles devraient ensuite graduellement se rapprocher des normales de saison à compter de dimanche, lorsque des averses commenceront à toucher la province. « Dimanche, on devrait avoir des averses sous forme désorganisée, qui devraient se maintenir lundi », précise Dominique Martel.

Malgré tout, devant cette chaleur hâtive, plusieurs arrondissements de Montréal ont pris l’initiative d’ouvrir des modules de jeux d’eau ou le feront dans les prochains jours. C’est notamment le cas dans Ville-Marie, Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, Lachine, LaSalle, Outremont, Le Plateau-Mont-Royal, Rosemont–La Petite-Patrie et le Sud-Ouest.

Saison des allergies

Au même moment, MétéoMedia fait état d’un taux de pollen très élevé dans la métropole alors que les arbres ont commencé à en libérer. Ils seront graduellement remplacés par les graminées puis l’herbe à poux, au fil de l’été.

Couplée à l’air très sec, cette donnée peut expliquer vos éternuements, selon Dominic Martel. « Le fait que c’est sec, ça n’aide pas. Des gens qui ont des troubles respiratoires le ressentent souvent à ce moment, et [ç’a été] le cas [jeudi] alors qu’on [avait] une basse humidité relative », explique-t-il.

Selon le site internet du gouvernement du Québec, une personne sur cinq souffre de la rhinite saisonnière, aussi connue sous le nom de rhume des foins, en particulier durant la saison de l’herbe à poux.

Or, mauvaise nouvelle pour ce cinquième de la population, elle pourrait voir ses souffrances se prolonger au fil des ans en raison des changements climatiques et de l’allongement de la saison des pollens, explique le professeur Alain Paquette, du département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal.

« Ça ne surprendra personne, mais elle commence plus tôt, car le printemps arrive plus tôt. Prenez par exemple l’an dernier, particulièrement. Ce qui est un peu étonnant, c’est qu’en plus de commencer plus tôt, [la saison des pollens] tend à durer aussi, à perdurer », explique celui qui est également titulaire de la Chaire de recherche sur la forêt urbaine.

Mais il ne s’agit pas du seul facteur qui pourra expliquer une aggravation des allergies saisonnières à l’avenir.

L’augmentation de la pollution, un élément qui irrite souvent les voies respiratoires et contribue à la sensation désagréable associée aux allergies saisonnières, décuplerait également les effets des pollens. Sans parler de la prolifération du béton et de l’asphalte dans les villes, des « surfaces dures, contrairement à dans la nature […], qui sont abrasives et viennent briser les grains de pollen, les rendant plus allergisants », dit Alain Paquette.