D’ici la fin de l’année, les chiens en laisse seront acceptés dans le métro de Montréal dans le cadre d’un projet-pilote. Par contre, la Société de transport de Montréal (STM) abandonne le projet d’installation de portes palières, dites « antisuicides », sur les quais du métro, en raison des difficultés financières causées par la pandémie.

Le conseil municipal de Montréal a adopté à l’unanimité, mardi, une motion demandant à la STM « de tester un projet-pilote autorisant, selon des balises visant la bonne cohabitation avec l’ensemble de ses clients, la présence des chiens dans le métro d’ici la fin de l’année, afin d’évaluer la possible cohabitation dans le réseau de la STM ».

Ce projet doit s’accompagner d’une campagne de communication et de sensibilisation auprès de la population.

C’est l’opposition à l’hôtel de ville qui a d’abord proposé d’accepter les chiens à bord des transports en commun. Des conseillers du parti Ensemble Montréal avaient tenu une conférence de presse pour annoncer leur projet il y a quelques semaines.

L’administration Plante s’est ralliée à cette proposition, en suggérant de commencer par un projet-pilote.

Il faut avancer de façon prudente et mesurée. Ce qui doit nous guider dans les prochaines étapes, c’est la bonne cohabitation. On veut que les gens reviennent dans les transports en commun.

Éric Alan Caldwell, conseiller municipal et président du conseil d’administration de la STM

Le suivi qui sera fait au projet-pilote permettra de tirer des conclusions pour la suite, indique M. Caldwell.

La Presse avait sollicité l’opinion de ses lecteurs sur cette question le 12 avril. Résultat : près des trois quarts des quelque 300 répondants ne voulaient pas de chiens dans les autobus et dans le métro. Plusieurs citaient des allergies aux animaux ou des craintes de morsures pour expliquer leur opposition.

Selon le chef du parti Ensemble Montréal, Aref Salem, qui a déposé la motion, la STM aura le temps de chercher des solutions à ces problèmes.

Il a fait remarquer que près de 17 000 Montréalais ont signé la pétition « Fido veut prendre le métro » et que de nombreuses familles ont adopté des animaux pendant la pandémie.

Manque de budget pour les portes « antisuicides »

Dans un autre dossier, la STM abandonne son projet, étudié depuis près de quatre ans, d’installer des portes palières sur des quais de métro de la ligne orange.

On envisageait d’équiper les 13 stations situées entre Crémazie et Bonaventure de ces portes vitrées qui s’ouvrent automatiquement lorsqu’une rame de métro s’arrête en gare, et qui permettent d’isoler physiquement les voies ferrées des quais.

Le coût de ce projet était estimé à 200 millions.

On a décidé de retirer le projet de notre programme d’investissement pour les 10 prochaines années, parce que la pandémie a amené de grands changements dans les besoins de mobilité, dans l’achalandage, ce qui a mis évidemment de la pression sur nos finances.

Philippe Déry, porte-parole de la STM

« Donc, on a revu la priorisation de nos grands projets, et le projet des portes palières a été retiré de notre programme d’investissement pour le moment », a-t-il poursuivi.

Les études et analyses réalisées en lien avec l’implantation de ces équipements pourront servir dans l’avenir, ajoute Philippe Déry.

Les futures stations du prolongement de la ligne bleue seront conçues pour éventuellement recevoir ces portes sur leurs quais, précise M. Déry.

Les portes palières sont souvent appelées « antisuicides » parce qu’elles empêchent toute intrusion devant les rames du métro.

Ces portes évitent aussi que des objets se retrouvent sur les rails. Leur installation est de plus en plus généralisée dans les réseaux de transport souterrains, un peu partout dans le monde.

Elles sont obligatoires sur tous les systèmes de transport automatisés, sans conducteur.

Toutes les gares du futur Réseau express métropolitain de la Caisse de dépôt et placement du Québec, en construction, seront d’ailleurs dotées de portes palières.

Au cours de la réunion du conseil municipal, le chef de l’opposition, Aref Salem, a dénoncé l’abandon du projet de portes palières, en soulignant que, chaque année, 16 personnes mettaient fin à leurs jours en se jetant devant le métro à Montréal, selon une étude de l’Université du Québec à Montréal menée en 2016. Les interruptions de service causées par des objets échappés sur la voie sont aussi de plus en plus fréquentes, a-t-il déploré.

« On a dû faire un choix, mais ce n’est pas un projet qui tombe, c’est un projet qui va être étiré dans le temps », a répondu la mairesse de Montréal, Valérie Plante. Elle a souligné que son administration avait décidé de maintenir le même niveau de service des transports en commun pendant la pandémie, pour continuer de servir les usagers ayant besoin de se déplacer, mais que ce choix avait un coût.