Accompagnée de citoyens, l’opposition officielle à l’hôtel de ville de Montréal a réclamé mercredi la création d’un programme d’aide financière pour les propriétaires de logements situés sur des sols argileux, aux prises avec des problèmes de fissures. Dans Tétreaultville, notamment, des résidants s’inquiètent pour leurs résidences avec la venue du Réseau express métropolitain (REM).

« Un des éléments centraux pour les citoyens, c’est certes d’avoir l’argent pour réparer les fissures, mais aussi de pouvoir agir en amont, en prévention, pour éviter que le problème ne perdure […]. C’est ce qu’on veut essayer de faire », plaide le conseiller de Tétreaultville Julien Hénault-Ratelle.

Il déposera au prochain conseil municipal, prévu le 25 avril, une motion demandant à l’administration Plante de créer un programme d’aide financière « exclusivement réservé aux travaux de stabilisation des fondations » pour les propriétaires résidentiels situés sur des sols argileux.

Son parti, Ensemble Montréal, demande aussi à la Ville d’obtenir du gouvernement Legault « une bonification des sommes allouées dans le Programme Rénovation Québec afin de financer ce nouveau programme » et de charger la Commission municipale sur le développement économique et l’habitation de « réglementer les niveaux de vibration causés par les chantiers publics et privés ».

À la Ville de Montréal, on déplore que le gouvernement Legault ait réduit le financement des programmes de rénovation lors de son dernier budget, les faisant passer de 7 millions à 4 millions. « Quand un gouvernement se désengage de la sorte, ça rend les choses plus difficiles. On attendait que ces sommes-là soient au minimum maintenues », dénonce le maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais, qui appelle Québec à « mener des études » sur la question des vibrations.

Des résidants épuisés

Au début de février, La Presse a rapporté que plusieurs résidants du quartier Tétreaultville craignaient le pire pour leurs logements, déjà aux prises avec d’importants problèmes de fissures, si le chantier du Réseau express métropolitain (REM) est déplacé comme prévu près de l’avenue Souligny. Montréal s’était alors dit impuissant devant cette situation, affirmant ne pas être habilité à légiférer sur les vibrations, pendant que CDPQ Infra avait assuré que la question des vibrations serait prise en compte.

« On soutient la motion de l’opposition. Avoir une réglementation et du soutien financier, ça serait super important pour l’avenir de notre quartier, mais aussi pour tous les autres citoyens qui vivent les mêmes problématiques de fissures, dans les autres secteurs où on retrouve des sols argileux à Montréal et dans le reste du Québec », dit Justin Addison, résidant de la rue Taillon, dans Tétreaultville.

Son groupe, les Sinistrés de Tétreaultville, rappelle en effet que plusieurs quartiers sont également construits sur des sols argileux, entre le centre-ville et Pointe-aux-Trembles. « Ce règlement-là permettrait d’instaurer un seuil maximal de vibrations à respecter, parce que là, les entrepreneurs peuvent faire ce qu’ils veulent en enfonçant des pieux, par exemple. Ça entraîne beaucoup de dommages sur nos maisons », ajoute M. Addison.

Si, à Toronto, une réglementation encadre déjà le problème des vibrations liées aux chantiers, Montréal dit de son côté se trouver dans un vide juridique. « La loi ne nous permet pas de légiférer sur les vibrations. On ne peut pas réglementer. Et de toute façon, on n’a pas les ressources pour le faire », avait résumé le maire Pierre Lessard-Blais il y a quelques semaines.

Une vision que ne partage pas le conseiller Julien Hénault-Ratelle. « On a fait des recherches avec le provincial et [le député de Bourget Richard Campeau]. Et on arrive tous à la conclusion que la balle est dans la cour du municipal pour réglementer. La Ville a déjà réglementé sur les vibrations dans le cas de dynamitages, par exemple. Maintenant, on demande que ce soit fait pour les chantiers privés », conclut-il.

En savoir plus
  • 80 000 $
    Les citoyens aux prises avec des problèmes de fissures, dans un contexte de sols argileux, doivent souvent installer des pieux pour stabiliser leurs fondations. Le coût de ces travaux peut aller jusqu’à 80 000 $ par logement.
    Source : ENSEMBLE MONTRÉAL