À partir de mai 2023, la distribution du Publisac à Montréal sera réservée aux personnes qui le demandent expressément, dans le but de réduire à la source la quantité de déchets et de matières recyclables.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a annoncé lundi matin que le principe d’adhésion volontaire s’appliquerait dorénavant au Publisac, distribué par l’entreprise Transcontinental.

Les résidants qui désirent recevoir le sachet publicitaire devront se doter d’un autocollant qui sera offert par la Ville de Montréal. De plus, le sac de plastique du Publisac sera remplacé par un sachet en papier.

Mme Plante a souligné qu’il fallait du « courage politique » pour prendre une telle décision, mais qu’elle était nécessaire.

On souhaite que l’industrie s’adapte à la volonté de la population et qu’elle revoie son modèle d’affaires, qui est somme toute basé sur le gaspillage.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

« On dit oui aux circulaires et aux publicités, mais dans un sachet de papier, et surtout, à la demande. On est en 2022, on ne peut pas continuer de distribuer des circulaires en sachant que beaucoup se retrouvent au site d’enfouissement ou à l’usine de recyclage », a ajouté la mairesse en conférence de presse au Jardin botanique de Montréal.

Chaque semaine, quelque 800 000 circulaires et autres publicités non sollicitées sont distribuées dans la métropole, ce qui totalise plus de 40 millions par année. Les Publisac représentent 10 % des matières traitées à l’usine de recyclage de Lachine. « C’est énorme ! », s’est exclamée la mairesse.

La fin du Publisac ?

Selon Transcontinental, l’annonce de la Ville signe l’arrêt de mort du Publisac à Montréal.

L’entreprise estime que le système d’adhésion (« opt-in ») « serait non viable à cause de sa complexité et des coûts prohibitifs qu’il engendrerait ».

« Dans le contexte inflationniste actuel, et au moment où la population doit faire face à la hausse des prix sans précédent, la pertinence sociale et économique du Publisac est plus grande que jamais, a déclaré Patrick Brayley, vice-président principal du Groupe Distribution de TC Transcontinental, dans un communiqué. En effet, le Publisac, en plus de donner accès à des rabais aux consommateurs, permet la distribution des journaux locaux à un coût avantageux, répond au besoin des commerçants d’attirer la clientèle en magasin et de faire face aux géants du commerce en ligne, et génère des milliers d’emplois directs et indirects. »

Nous comptons faire valoir nos droits et ceux de nos clients si nécessaire.

Patrick Brayley, vice-président principal du Groupe Distribution de TC Transcontinental

La Ville de Mirabel, la première au Québec à adopter un système d’adhésion, en place depuis 2019, a fait l’objet d’une poursuite judiciaire de la part de Transcontinental. Le jugement est attendu dans les prochains mois.

Inquiétudes des journaux locaux

Transcontinental affirme que l’option de retrait (« opt-out »), le système actuel en vigueur, est simple et efficace pour ceux qui ne souhaitent pas recevoir le Publisac, en soulignant que plus de 200 000 foyers québécois, dont environ 120 000 foyers montréalais, s’en prévalent.

La décision de Montréal touchera les journaux locaux, qui sont distribués avec le Publisac. C’est pourquoi la mairesse Plante a annoncé un programme d’aide financière pour soutenir ces journaux au cours de la période de transition. Les détails seront définis tout au long de la prochaine année, au sein d’un comité de pilotage mis en place par l’industrie, indique-t-elle.

Mais selon Métro Média, propriétaire des éditions numérique et papier du journal Métro et d’une vingtaine de journaux locaux, la mise en place de cette nouvelle réglementation met à risque une « industrie de première importance ».

L’entreprise qualifie l’initiative de la Ville de « louable et nécessaire », mais demande, dans un communiqué, des mesures « assurant le maintien et la survie de l’ensemble des médias locaux montréalais, qui fournissent une vitrine aux initiatives locales, de nature communautaire, civique, économique ou sociale ».

Possibles pertes d’emplois

Si moins de circulaires sont distribuées, des employés de l’imprimerie Transcontinental située à Anjou, qui imprime les feuillets publicitaires, pourraient perdre leur emploi, déplore le syndicat des Teamsters, affilié à la FTQ, qui représente ces travailleurs.

« C’est une triste journée pour les quelque 140 travailleurs qui impriment les Publisac. En plus de ne pas avoir planifié de transition, la Ville n’a rien prévu pour leur venir en aide. Nous sommes en faveur de la lutte contre les changements climatiques, mais cela ne doit pas se faire en appauvrissant ceux et celles qui vivent de leur travail », a déploré, par voie de communiqué, le président de la Section locale 1999 du syndicat des Teamsters, Michel Héroux.

Le syndicat Unifor, qui représente des travailleurs dans les deux usines québécoises où l’on fabrique le papier utilisé pour l’impression des circulaires, craint aussi la perte de « centaines d’emplois ».

Le papier est produit dans les usines de Produits forestiers Résolu, à Dolbeau et à Kénogami, au Lac-Saint-Jean. Si on retire la production de papier destiné au Publisac pour Montréal, une de ces deux usines pourrait fermer, avance Renaud Gagné, directeur d’Unifor pour le Québec.

Appui de la population

« La Ville de Montréal s’est fixé l’objectif ambitieux de devenir une ville zéro déchet d’ici 2030. Pour y arriver, le volume de matières enfouies doit être réduit de 85 %, ce qui représente une réduction de 10 kg de matière résiduelle, par personne, par année, » souligne Valérie Plante.

La mairesse rappelle que la population s’est prononcée dans une proportion de 82 % en faveur de la mise en place d’un système d’adhésion volontaire lors d’un sondage réalisé dans le cadre d’un processus de consultation.

La Commission permanente sur l’eau, l’environnement, le développement durable et les grands parcs a mené, en 2019, une importante consultation publique sur le contrôle des circulaires. La principale recommandation de son rapport était d’opter pour une formule de consentement explicite.