(Québec) L’échéancier du Réseau express métropolitain (REM) de l’Est est repoussé, a appris La Presse. L’étude et les audiences publiques du BAPE n’auront pas lieu ce printemps comme prévu. La Caisse de dépôt et placement du Québec refuse d’aller plus loin sans une position claire de la Ville de Montréal au sujet de la nouvelle mouture de son projet de 10 milliards.

« Pour passer à la prochaine étape, il est nécessaire d’avoir l’alignement de l’ensemble des parties prenantes. Nous ne souhaitons pas déposer au BAPE [Bureau d’audiences publiques sur l’environnement] un projet qui ne bénéficie pas de l’alignement requis des parties prenantes au projet », affirme Jean-Vincent Lacroix, directeur des communications de CDPQ Infra, filiale de la Caisse responsable du projet.

Il ajoute que « les audiences publiques du BAPE ne peuvent se tenir sans qu’un mécanisme de fonctionnement clair entre les différentes parties prenantes soit établi ».

Comme l’examen du BAPE ne peut plus se tenir ce printemps, tout l’échéancier du REM de l’Est est chamboulé. Il ne pourra y avoir de mise en chantier à la mi-2023, ni de mise en service en 2029.

La semaine dernière, après 15 mois de travail et une vague de critiques, CDPQ Infra a présenté une nouvelle mouture de son projet. Elle dit répondre ainsi à 80 % des éléments soulevés dans un rapport d’étape assez critique d’un comité d’experts chargé d’assurer l’intégration architecturale et urbaine du REM de l’Est.

CDPQ Infra déplore que la Ville de Montréal n’ait pas exprimé une position claire au sujet de son projet « grandement amélioré ».

« Encore du travail à faire »

Le 9 mars, la mairesse Valérie Plante a déclaré qu’il y avait « encore du travail à faire » et des « améliorations à apporter », sans donner de précisions. Elle a qualifié de « rapport d’étape » la nouvelle mouture du projet et a réitéré sa préférence pour un train qui circulerait sous terre au centre-ville.

Le projet révisé de CDPQ Infra prévoit d’imposants aménagements le long des structures, comme des pistes cyclables et des places publiques. Elle compte sur la Ville et le gouvernement pour les payer.

La Ville chiffre à 1 milliard la facture totale des travaux d’aménagement aux abords du REM. Valérie Plante a promis d’investir 500 millions. Le gouvernement Legault s’est dit prêt à mettre sur la table des « sommes importantes », mais aucune entente n’a été conclue à ce jour.

Valérie Plante a rappelé la semaine dernière sa demande pour la création d’un comité mixte avec la Caisse, une « condition gagnante » pour que le projet reçoive son appui.

« On veut être autour de la table pour participer encore plus activement à l’évaluation des coûts. L’expertise de CDPQ Infra, c’est le train. Celle de la Ville, c’est l’aménagement », a-t-elle dit.

Le mois dernier, le premier ministre François Legault a proposé de créer un « groupe de travail » réunissant la Ville, le gouvernement et CDPQ Infra pour « discuter des améliorations possibles au tracé actuel et du projet dans son ensemble », mais cette suggestion n’a apparemment pas eu de suite.

CDPQ Infra a déjà fait savoir que le REM de l’Est serait abandonné sans un appui clair de la Ville et de l’Autorité régionale de transport métropolitain, qui a produit un avis dévastateur sur le projet.