L’opposition officielle à l’hôtel de ville de Montréal réclame un réel « plan d’action » de l’administration Plante pour mieux soutenir les victimes de violence conjugale, au moment où le nombre de féminicides semble en hausse partout au Québec.

« Nous venons de passer une année très sombre », regrette la porte-parole d’Ensemble Montréal pour la diversité des genres et le statut de la femme, Stéphanie Valenzuela. L’élue fait ainsi référence aux 17 féminicides qui seraient survenus en 2021, un nombre en forte hausse par rapport aux huit qui avaient été commis l’année précédente. Et d’autres sont aussi déjà survenus depuis le début de l’année 2022.

En mars 2021, une motion demandant à la Ville de mettre sur pied plusieurs mesures pour soutenir les victimes, dont un service de transport, un service d’entreposage temporaire et un service de déménagement, avait été adoptée à l’unanimité. Aucune de ces mesures n’a toutefois été mise en œuvre depuis, fustige l’opposition, qui déposera le 21 mars une nouvelle motion pour exiger que la Ville aille de l’avant.

Mme Valenzuela affirme qu’il faut rapidement « multiplier les gestes préventifs ». Son parti réclame que les locaux disponibles de la Ville soient « gratuitement mis à profit des organismes », dont plusieurs sont aux prises avec un manque d’espace. L’opposition suggère aussi le lancement de deux campagnes de communication « périodiques » pour diffuser les coordonnées des ressources, ce qui se fait déjà à Longueuil notamment.

Coup de pouce « très concret »

Chez SOS violence conjugale, la responsable du soutien clinique, Claudine Thibaudeau, accueille favorablement ces propositions. « Ce sont de bonnes idées. Les victimes ont souvent besoin d’un coup de pouce très concret », indique-t-elle.

Or, la lutte contre la violence conjugale est aussi beaucoup plus large, rappelle l’intervenante. « Ça prend plus de places d’hébergement, et il faut aussi réfléchir à développer des places en HLM pour la suite. Il y a toute une vie après la sortie d’un milieu violent et il faut que les victimes s’y sentent en sécurité », soutient-elle, rappelant que les organismes font face à un manque important de financement, chaque année.

La directrice de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes, Manon Monastesse, abonde en ce sens. « Ça nous prend un canal direct avec la Ville pour obtenir des terrains ou des édifices disponibles. On estime avoir besoin de trois ou quatre maisons de plus en ce moment, avec 25 places chacune. Nos taux d’occupation sont de 110 à 120 % en ce moment. La situation est critique », soutient-elle, déplorant n’avoir jamais pu rencontrer le cabinet de la mairesse.

Au comité exécutif de la Ville, la responsable de la condition féminine, Josefina Blanco, rétorque que plusieurs actions sont pourtant déjà entreprises. « Nous avons soutenu le lancement d’une cellule de crise, entamé des démarches auprès du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale pour nous enquérir de la certification Milieu de travail allié contre la violence conjugale, et mis en place une section spécialisée en violence conjugale au SPVM. Nous agissons sur tous les fronts », jure-t-elle.

Montréal assure aussi poursuivre ses discussions avec le gouvernement Legault pour augmenter le financement des maisons d’hébergement, afin que celles-ci puissent « augmenter leur capacité d’accueil, embaucher davantage d’intervenantes, accéder à des locaux convenables et assurer la gratuité de tous les services offerts aux bénéficiaires, dont le transport ».