La mairesse de Montréal a monté le ton face à « l’immobilisme » de Québec en matière de réforme du financement du transport en commun, jeudi, dans une sortie d’une rare vigueur.

Valérie Plante a laissé filtrer son impatience dans une réunion publique de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), où les élus discutaient des déficits des sociétés de transport collectif.

« On sent vraiment un immobilisme du côté gouvernemental de faire cette réflexion sur un nouveau pacte fiscal en transport », a dit la mairesse de Montréal et patronne de la CMM. « On est bloqués. C’est ça qui se passe. On trouve très peu de résonance du côté de nos collègues provinciaux. »

La pandémie de COVID-19 a durement affecté les revenus des sociétés qui opèrent les réseaux de transport en commun du Grand Montréal. Selon Mme Plante, cette crise s’est ajoutée par un problème systémique et préexistant de sous-investissement dans ces structures.

« Tant et aussi longtemps qu’on ne réfléchit pas à ça, on pellette par en avant », a-t-elle dit. « On est dans une situation qui peut rapidement devenir intenable. » Le gouvernement fédéral a annoncé une aide ponctuelle de 750 millions à la grande du pays la semaine dernière, mais ce chèque unique ne règle pas le problème à long terme, selon Mme Plante : « on n’est pas sortis de l’auberge ».

Ce problème pourrait être aggravé avec l’inauguration du REM de l’Ouest — et éventuellement du REM de l’Est — qui impactera la fréquentation des réseaux de transport existants.

À Québec, on réplique qu’il s’agit d’un problème complexe.

« Dans les prochains mois, nous discuterons avec nos partenaires municipaux pour trouver des solutions durables aux problèmes de transport collectif, incluant le financement des opérations », indique une déclaration gouvernementale transmise au nom du ministère des Transports. « Nous allons prendre le temps nécessaire pour bien faire les choses et régler le problème une fois pour toutes. »

Québec défend aussi son bilan : « notre gouvernement a été proactif pour aider le transport collectif dans le contexte pandémique en investissant 1,4 G$ dans le transport collectif afin de faire face aux besoins liés à la pandémie. Il s’agit d’une aide majeure pour le monde municipal, de qui relève la gestion du transport collectif. […] Jamais un gouvernement n’aura autant investi dans le transport collectif. »

Une solution partielle mise de l’avant par la CMM consiste à prélever une taxe de 50 $ par année et par véhicule dans tout le 450, comme c’est le cas à Montréal depuis 10 ans. Cette ponction fiscale a été approuvée par la quasi-unanimité des maires de la région en 2019. Le gouvernement Legault s’est toutefois opposé à l’idée et la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) refuse de percevoir cette taxe en invoquant des motifs techniques.

Mardi, le conseil municipal de la Ville de Montréal a unanimement demandé à la SAAQ d’appliquer cette taxe dès l’an prochain. La CMM demande une compensation de centaines de millions de dollars à Québec pour pallier le manque à gagner.