(Montréal) La Charte des chantiers dévoilée la semaine dernière par la Ville de Montréal a suscité des réactions mitigées chez deux experts.

Selon les autorités montréalaises, ce document permettra d’assurer une meilleure mobilité et une plus grande sécurité autour des projets de construction, notamment en supprimant ces cônes orange souvent sales, écrasés et oubliés dans les rues.

Deux experts consultés par La Presse Canadienne ne savent pas si cette charte sera efficace, mais tous deux jugent que cela valait la peine d’essayer.

Selon Richard Shearmur, le directeur de l’École d’urbanisme de l’Université McGill, la charte est un pas dans la bonne direction, mais insuffisante. L’établissement d’un ensemble de lignes directrices sur la façon dont la construction sera gérée est une bonne idée, mais elle ne résout pas le principal problème : celui de la coordination.

M. Shearmur mentionne qu’il n’est pas rare à Montréal de voir plusieurs rues parallèles être bloquées simultanément ou plusieurs travaux d’excavation prennent place au même endroit dans un court intervalle de temps.

Si ces problèmes ne sont pas nouveaux, dit-il, ils sont devenus plus criants au cours des dernières années à cause du grand nombre de chantiers dans la ville. Montréal doit tenter de rattraper des décennies de négligence à ses infrastructures.

Tous ces travaux sont planifiés de manière très fragmentaire, sans aucune réflexion sur la coordination entre les services et entre les différentes organisations pour s’assurer qu’on puisse circuler dans la ville.

Richard Shearmur, directeur de l’École d’urbanisme de l’Université McGill

M. Shearmur propose d’établir un registre central des travaux qui permettrait de suivre la myriade de projets gérés par différentes entités contre les entrepreneurs privés, le ministère des Transports et les services municipaux

Avi Friedman, un professeur d’architecture à McGill, déplore que la charte n’énonce que l’évidence.

« Tous les aspects mentionnés, comme l’accessibilité et la sécurité de la circulation, sont évidents lorsqu’on lance un chantier de construction », avance-t-il.

La municipalité a amélioré certains aspects de la gestion des travaux routiers, ajoute le Pr Friedman, notamment en envoyant des employés pour assurer la une plus grande sécurité des chantiers, dans certains cas, une meilleure communication avec les citoyens.

Il pense que la Ville doit imposer des sanctions à ceux qui ne respectent pas la charte et veiller à ce que les travaux essentiels soient achevés rapidement.

Jocelyn Pauzé, qui est un conseiller associé à la gestion des chantiers au comité exécutif de Montréal, dit que l’objectif de la charte est de « limiter les impacts des chantiers sur la qualité de vie des Montréalais ».

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Jocelyn Pauzé, conseiller associé à la gestion des chantiers au comité exécutif de Montréal

L’élu affirme que l’administration municipale a pris des mesures pour mieux coordonner les chantiers. Selon lui, la charte contribuera davantage à cet objectif en engageant mieux les partenaires privés et publics de la ville, qui sont responsables de l’essentiel des travaux de construction.

M. Pauzé signale aussi que Montréal a pris d’autres mesures pour améliorer la fluidité de la circulation au cours des dernières années, notamment en créant une « escouade de mobilité » pour réagir rapidement aux signalements de voies bloquées ou d’autres problèmes de réseau routier.

Si la ville promet de supprimer plus rapidement les cônes orange qui ne sont pas nécessaires, il est peu probable qu’ils disparaissent complètement. Ces objets sont exigés par la loi afin de sécuriser les chantiers et qu’ils resteront probablement un spectacle courant dans les années à venir alors que la ville rattrapera les travaux nécessaires.