Si le projet de tramway se concrétise dans l’ouest de Montréal, il serait judicieux d’étudier la possibilité d’implanter un système de « tram-cargo », a suggéré jeudi l’arrondissement de Lachine. Déjà utilisé en Allemagne et en Suisse, ce système adapté permet de transporter de la marchandise en gros volume, retirant ainsi des camions des routes.

« Nous aimerions explorer la faisabilité́ du tram-cargo, qui peut emprunter les mêmes rails que le tramway passager. Il serait possiblement intéressant de prendre le temps d’analyser comment ce type de transport pourrait contribuer à optimiser la performance de certaines entreprises tout en décongestionnant nos rues », écrit l’équipe de la mairesse Maja Vodanovic, dans un rapport rendu public en soirée.

En soirée, l’arrondissement tenait une présentation devant l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), qui a reçu 20 millions supplémentaires en décembre pour poursuivre les études sur le mode de transport structurant à privilégier entre Lachine et le centre-ville.

La Ville de Montréal, elle, s’est déjà positionnée en faveur d’un tramway, entre autres parce qu’il est moins coûteux et qu’il s’intègre mieux au paysage urbain. « Si on développe le réseau de tramway à Lachine, il pourrait hypothétiquement se prolonger dans le parc industriel et donc répondre à certains besoins de l’industrie », plaide l’attaché de presse au cabinet de la mairesse Vodanovic, Matthieu Lampron.

Pertinence et utilités

Règle générale, un « tram-cargo » permet de transporter des marchandises en masse d’un point A à un point B, permettant de diminuer la quantité de camions aux abords d’une zone industrielle. Un système similaire fonctionne déjà bien à Dresde, en Allemagne, et à Zurich, en Suisse, fait valoir l’arrondissement.

À Lachine, ce réseau pourrait passer par le parc industriel et être « connecté » aux gares de triage, voire même au Port de Montréal, fait valoir le cabinet de la mairesse. Le projet permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et la congestion, dit-on, alors que « le transport de marchandises par camion augmente de manière fulgurante » avec la croissance des achats en ligne.

Mme Vodanovic recommande à l’ARTM de « créer une unité de travail regroupant des experts du domaine de la logistique du transport » en vue de la création d’un projet pilote. L’arrondissement souhaite par ailleurs « explorer la possibilité » de mettre sur pied un partenariat avec de gros joueurs comme UPS, Amazon, Purolator ou Fedex, tous installés dans le secteur.

Pour le moment, l’idée n’est encore que très embryonnaire. Rappelons que le tracé et le mode de transport choisis dans l’ouest de l’île devraient être communiqués au courant des prochaines semaines, à l’issue des consultations de l’ARTM, qui devra ensuite statuer.

Fin décembre, dans une lettre ouverte, le Groupe de recommandations et d’actions pour un meilleur environnement (GRAME) et l’organisme Imagine Lachine-Est avaient aussi soutenu l’idée d’un « tram-cargo ». « Le transport de marchandises doit être envisagé pour ce tracé, mais aussi comme solution pour d’autres secteurs de Montréal et d’autres centres urbains québécois. […] Les nombreuses retombées économiques, sociales et environnementales que ce système pourrait apporter justifient qu’on s’y intéresse », ont écrit les deux groupes.

Il y a quelques semaines, les autorités ont annoncé que le Réseau express métropolitain (REM) sera prolongé vers l’est de la métropole. Le « REM de l’Est » reliera notamment Montréal-Nord et Pointe-aux-Trembles, en passant par Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Rosemont, Saint-Léonard et plusieurs autres quartiers. Selon les plans actuels, ce réseau serait desservi par une rame à toutes les deux minutes en période de pointe, avec une rame à toutes les quatre minutes pour chacune des branches.