Le paysage démographique de Repentigny a changé depuis longtemps, mais cette diversité était mal reflétée à l’hôtel de ville, pense Joubert Simon. Préoccupé par l’inclusion des différentes communautés de la municipalité et conscient des relations tendues entre ses policiers et ses citoyens d’origine haïtienne, il est la première personne noire élue au poste de conseiller de la ville.

« Quand ton service de police fait le Bye bye et que tout le Québec comprend la blague, c’est triste », lance d’emblée Joubert Simon, élu dimanche dernier sous les couleurs d’Avenir Repentigny dans le district de Valmont.

Sa matinée n’a pas été de tout repos. Avec Nicolas Dufour, nouveau maire de Repentigny, il a entamé sa journée en visitant la mère de Jean René Junior Olivier, cet homme noir de 37 ans abattu par le Service de police de la Ville de Repentigny (SPVR) lors d’une intervention l’été dernier. La mère de la victime avait elle-même contacté les autorités pour venir en aide à son fils en crise.

M. Simon hésite d’abord à dévoiler les détails de la visite de jeudi matin.

« Je la connais personnellement. C’est une amie de ma mère. C’était lourd. Très lourd et assez émotif. Aucun parent ne veut perdre son enfant, surtout pas comme ça. C’était une rencontre privée et on a attendu, par respect, car on ne souhaitait pas que ce soit instrumentalisé dans la campagne », confie-t-il.

Difficile d’ignorer les relations tendues entre les Repentignois afrodescendants et le SPVR. Un homme noir d’origine haïtienne au conseil municipal ne peut pas panser toutes les plaies ni faire disparaître tous les problèmes, admet le nouvel élu de 41 ans. Mais sa présence peut apaiser certains citoyens. S’ils se sentent représentés par quelqu’un qui est plus proche de leurs intérêts et de leurs préoccupations, on aura déjà accompli un petit bout de chemin, juge-t-il.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Joubert Simon, conseiller municipal à Repentigny

Les Noirs peuvent rouler en voiture de luxe sans se faire interpeller sans raison valable ou être vus comme des criminels. Même chose pour la communauté maghrébine. C’est la moindre des choses.

Joubert Simon, conseiller municipal à Repentigny

Il pense à son fils de 21 ans qui vient d’avoir son permis de conduire. « Je ne veux pas qu’il se fasse arrêter sans raison. On ne veut pas que nos jeunes Noirs aient peur des policiers. » S’il n’a jamais vécu de profilage à Repentigny, il demeure troublé par les allégations d’interpellation abusive rapportées dans le passé. Il se dit ouvert à comprendre les racines du problème. « Je ne pense pas qu’il y a un policier qui se lève le matin en disant : “Je veux faire du profilage” », estime-t-il néanmoins.

Diversité et sport

Joubert Simon s’est installé à Repentigny il y a 12 ans. Il a alors quitté l’arrondissement montréalais de Saint-Léonard pour élever ses trois garçons en banlieue. Le portrait ethnoculturel de la municipalité a changé sous ses yeux, mais la Ville ne s’est pas adaptée, constate-t-il. Les installations sportives ne sont pas représentatives des intérêts des jeunes issus de la diversité. « Les jeunes Noirs et Maghrébins de Repentigny, ils trippent sur le basket et le soccer. On a une multitude de terrains de tennis, mais on a peu de vrais beaux terrains de basket bien entretenus ! Il en faut plus. Je me suis vraiment demandé ce qui faisait en sorte qu’il n’y avait pas ça pour les jeunes », constate l’ancien entraîneur sportif.

Il y a une belle diversité culturelle à Repentigny. On parle beaucoup du vivre-ensemble, mais on ne le ressentait pas dans les gestes de la précédente administration.

Joubert Simon

Le détail peut paraître anodin. Mais le sport est un outil d’inclusion très rassembleur. Un exutoire essentiel aux yeux de l’élu.

Même s’il admet qu’un premier élu noir demeure une avancée, il refuse d’être instrumentalisé. Il a de vraies idées et de vraies compétences, insiste-t-il. « Je veux améliorer la vie des Repentignois de mon district, mais je ne suis pas le Noir de service [token Black guy]. »