Rassemblés sous des parapluies et des bâches, une trentaine de manifestants ont bravé la pluie vendredi à Montréal pour appuyer le blocus de Fairy Creek, près du bureau du ministre de l’Environnement et de Changements climatiques Steven Guilbeault.

L’objectif de la manifestation est de mettre de la pression sur le gouvernement fédéral pour qu’il se positionne en faveur du blocus qui a lieu à Fairy Creek, en Colombie-Britannique, depuis plus d’un an.

En effet, le 15 novembre prochain, la Cour d’appel de la Colombie-Britannique va décider de prolonger ou non l’injonction permettant à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) d’intervenir dans cet endroit reculé de l’Île de Vancouver. Des protestataires y entravent les activités de coupe forestière de la compagnie Teal Jones depuis octobre 2020, dans le but de sauver ce qu’il reste des forêts ancestrales.

Une première injonction a été accordée en avril dernier. Depuis, plus de 1100 personnes ont été arrêtées à Fairy Creek, ce qui en fait le plus grand mouvement de désobéissance civile de l’histoire du pays. Lors des discours, les manifestants ont dénoncé la brutalité des forces de l’ordre lors des arrestations. Alex Tyrell, chef du Parti vert du Québec, était aussi sur place.

« C’est notre Amazonie »

« Les gens ne comprennent pas, c’est notre Brésil, c’est notre Amazonie », a lancé Marlene Hale lors d’un discours aux partisans rassemblés. L’aînée et militante wet’suwet’en était à Fairy Creek il y a deux jours et est revenu à Montréal pour l’occasion. Une soixantaine de protestataires se trouvent toujours dans les camps sur l’île de Vancouver, selon son estimation.

PHOTO FOURNIE PAR SUNNY DOYLE

Marlene Hale, aînée et militante wet’suwet’en, lors d’un discours aux partisans rassemblés à la place Émilie-Gamelin à Montréal

Le blocus est situé sur les territoires non-cédés des nations Pacheedaht, Ditidaht et Huu-ay-aht qui ont des avis divergents sur la présence des manifestants. L’aîné Pacheedaht, Bill Jones, soutient ouvertement les activités de désobéissance civile pacifique. C’est à son appel que les supporteurs se sont rassemblés à Montréal vendredi.

« Nous exigeons : une protection perpétuelle des forêts anciennes du Canada ; le respect irrévocable de la souveraineté des peuples autochtones qui les défendent ; et, au besoin, l’instauration de programmes de conservation incitatifs pour compenser les Premières Nations qui dépendent des revenus de l’industrie forestière pour leur survie », ont précisé par communiqué l’Alliance québécoise en soutien à Fairy Creek et Extinction Rebellion Québec, les organisations responsables de la manifestation.

Rappelons que seuls 2,7 % des forêts ancestrales de la Colombie-Britannique existent encore. Elles abritent des arbres géants, comme le cyprès de Nootka, et des espèces menacées d’extinction. « Son écosystème fragile et complexe représente par ailleurs un important puits de carbone. Sa préservation contribue ainsi directement dans la lutte aux changements climatiques », détaille aussi le communiqué.

Les manifestants sont restés sur la Place Émilie-Gamelin de 11 h à 13 h 30.