En raison de la lutte serrée entre Valérie Plante et Denis Coderre qui a marqué la campagne électorale, le scénario d’un conseil municipal minoritaire se profile. Qu’est-ce que cela signifie ? Une spécialiste de la politique municipale répond à nos questions.

Au total, 103 personnes seront élues à Montréal ce dimanche, dont 65 qui siégeront au conseil municipal. Ce dernier est formé du maire ou de la mairesse, de 18 maires d’arrondissement, ainsi que de 46 conseillers de ville. Pour atteindre la majorité au conseil, un parti doit remporter au moins 33 des 65 sièges.

L’hypothèse d’un conseil municipal minoritaire est envisagée depuis le début de la course à la mairie, explique Danielle Pilette, professeure associée au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’UQAM. « [Valérie Plante et Denis Coderre] polarisent beaucoup, explique cette dernière. Il y a des gens qui ne veulent rien savoir de l’un ou de l’autre. » Certains électeurs vont alors voter pour un maire en raison de sa personnalité, mais vont élire des membres d’une formation politique différente dans leur arrondissement.

Cette année, la présence du parti de Balarama Holness, Mouvement Montréal, ou de formations locales – comme le parti Courage de Sue Montgomery dans Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce – pourrait changer la donne.

Plus il y a de formations politiques différentes, plus on risque d’avoir un maire minoritaire.

Danielle Pilette, professeure associée au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’UQAM

Être minoritaire au conseil municipal risque-t-il de poser problème au futur maire élu ? Pas vraiment, estime Mme Pilette. « Souvent, l’allégeance des conseillers municipaux se consolide et change avec les années, note-t-elle. Certains vont laisser tomber complètement la politique, alors que d’autres vont se ranger du côté du maire majoritaire, parce qu’ils veulent obtenir plus pour leur arrondissement. »

Enjeux municipaux

L’allégeance des candidats au niveau municipal est moins solide qu’aux niveaux fédéral et provincial, surtout en raison « des formations [politiques] qui ne sont pas de vrais partis avec des programmes à long terme », soutient Mme Pilette. C’est surtout la personnalité du chef qui fait en sorte que les candidats se rallient à sa formation.

Mais il y a une exception à la règle : Projet Montréal. En mettant au premier plan des sujets environnementaux et sociétaux qui s’inscrivent dans des programmes structurés, cette formation s’éloigne des enjeux traditionnels d’ordre municipal, explique Mme Pilette. Ce sont surtout les services municipaux qui sont habituellement abordés par les formations politiques. « [Par exemple], plus de bibliothèques, plus de loisirs ou moins de police », énumère la professeure.

Maires minoritaires à travers les années

Dans le passé, Montréal a connu des conseils municipaux minoritaires, précise Danielle Pilette. Par exemple, Denis Coderre n’avait pas réussi à remporter la majorité des sièges aux élections de 2013. Il l’a toutefois obtenue durant son mandat en raison de membres d’autres formations qui se sont joints à son parti, notamment lorsque Mélanie Joly a quitté la politique municipale.

Les maires Gérald Tremblay et Pierre Bourque ont aussi été minoritaires durant leurs mandats. Mais contrairement à Denis Coderre, ils avaient remporté la majorité des sièges, mais en ont perdu par la suite.