Il faudra créer une « zone tampon » végétalisée entre les rails de train et les résidences à proximité sur le site du terminal de conteneurs Ray-Mont Logistiques pour rendre le projet « plus acceptable pour toutes les parties », conclut le rapport d’un groupe de travail publié mardi.

« Le scénario le plus acceptable pour toutes les parties inclut une collaboration avec le Canadien National (CN), dans le but de créer une zone tampon entre les activités ferroviaires et les habitations », lit-on dans le bilan du Groupe de travail thématique Ray-Mont Logistiques, rendu public à cinq jours des élections.

Réunissant des citoyens, des représentants municipaux et l’entreprise, le groupe de travail étudiait les mesures à mettre en place depuis le mois d’août pour rendre le projet « socialement acceptable ».

Ray-Mont Logistiques avait d’abord acquis les terrains de l’ancienne fonderie Canadian Steel, entre les rues Hochelaga et Notre-Dame, en 2016. La société souhaite y construire un vaste terminal de transbordement direct du vrac au conteneur. En 2017, l’arrondissement a d’abord refusé de délivrer les permis. Ont suivi deux procès, que Ray-Mont Logistiques a gagnés.

Série de recommandations

Dans le rapport, on précise que la création de la zone tampon pourrait se traduire par « l’acquisition d’une partie du lot du CN par la Ville » pour y « créer un espace vert ». Ce secteur verdi serait situé entre le terrain de Ray-Mont Logistiques et le quartier de Viauville. Il faudrait alors « décontaminer le site s’il y a lieu en conservant le plus d’éléments naturels », prévient-on.

Selon le rapport, il faudra « évaluer les différentes options de déplacement des rails et des opérations de transbordement de Ray-Mont Logistiques le plus loin possible des résidences », avec une distance de « 300 mètres si possible ».

Les aires « bruyantes » et générant de la poussière devraient être placées « le plus loin possible » du quartier résidentiel. « Prévoir des moments sans opérations durant la nuit » serait aussi une option pour réduire les nuisances. Le groupe recommande que les bâtiments construits sur le site soient certifiés LEED « et qu’ils comprennent des toitures végétalisées adéquatement ensoleillées ». On suggère également d’évaluer la faisabilité de la création d’« axes de mobilité durable est-ouest et nord-sud » sur le site.

Vers un BAPE ?

Au regroupement citoyen Mobilisation 6600, la porte-parole Cassandre Charbonneau-Jobin déplore le fait que « plusieurs scénarios qui devaient être sur la table n’ont finalement pas été étudiés ». « On comprend que ça vient probablement de négociations en amont entre la Ville et l’entreprise », fustige-t-elle.

« On peut difficilement être en désaccord avec les énoncés, mais le processus était tellement vicié dès le départ que, de notre côté, on considère que c’est un échec. Ça prend maintenant une action du provincial. Ce projet-là ne peut pas se réaliser sans une sérieuse étude d’impacts, et sans un BAPE », ajoute la citoyenne.

Le promoteur Charles Raymond, lui, a indiqué qu’il entamerait « dès maintenant l’intégration progressive de plusieurs mesures proposées ». « Notre souhait avoué et sincère est de développer un projet respectueux de la communauté et exemplaire », a-t-il affirmé.

Le cabinet de la mairesse Valérie Plante a précisé qu’il prendrait le temps d’« analyser attentivement les recommandations » en « poursuivant le dialogue avec le milieu ». « Ce dossier va demeurer prioritaire dans un prochain mandat », a promis l’attachée de presse Marikym Gaudreault.

« Nous entrevoyons d’un œil favorable certains consensus […], mais cette démarche ne sera pas suffisante pour arriver à un dénouement harmonieux », a jugé la conseillère Karine Boivin Roy, de l’équipe Coderre, en réitérant son intention de « s’asseoir à nouveau avec l’entreprise de bonne foi ».