Se loger à Montréal coûte de plus en plus cher, que l’on cherche à louer un logement ou à acheter une propriété. Les candidats aux élections municipales proposent des pistes de solution pour améliorer l’offre de logements abordables. Réussiront-ils à avoir un impact sur le marché de l’habitation en surchauffe ?

Des loyers qui grimpent

Prix des logements à louer, juin 2021, grande région de Montréal

Prix moyen/augmentation en un an

3 1/ 2, 1092 $/+2 %

5 1/ 2, 1716 $/+15 %

Toutes tailles confondues 1302 $/+8 %

Source : Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ)

Des propriétés toujours plus chères

Prix des propriétés vendues, septembre 2021, grande région de Montréal

Prix médian/augmentation en un an

Maisons unifamiliales
504 500 $/+17 %

Copropriétés
365 000 $/+15 %

Plex
690 000 $/+13 %

Source : Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ)

4,2 %

Augmentation du loyer moyen dans le Grand Montréal en 2020. C’est la plus forte hausse annuelle depuis 2003.

Source : Observatoire du Grand Montréal

0,8 %

Hausse recommandée en 2021 par le Tribunal administratif du logement pour un logement non chauffé, situé dans un immeuble qui n’a pas subi de rénovations majeures.

Source : Tribunal administratif du logement

2,7 %

C’était le taux d’inoccupation des logements dans la grande région de Montréal en 2020, alors que le taux d’équilibre est de 3 %. Le taux d’inoccupation est cependant plus faible dans la catégorie des logements abordables.

Source : Société canadienne d’hypothèques et de logement

30,8 %

Proportion des locataires montréalais qui consacrent plus de 30 % de leur revenu au logement ; 14,2 % y consacrent 50 % et plus.

Source : Ville de Montréal

Des salaires trop peu élevés pour se loger

Pour plusieurs travailleurs de secteurs névralgiques de l’économie métropolitaine, il devient de plus en plus difficile de se loger sur le marché locatif sans devoir y consacrer plus de 30 % de son revenu. […] Pour un travailleur du secteur des services de la santé et de l’assistance sociale, par exemple, le salaire moyen offert pour les nombreux postes vacants ne permet pas, avec un emploi à temps plein, de consacrer moins de 30 % au logement avec un loyer brut supérieur à 1139 $ par mois.

Observatoire du Grand Montréal, indicateurs du marché locatif, mai 2021

Pour des logements sociaux

Si les partis souhaitent véritablement répondre à la crise du logement, ça ne passe pas par le développement de logements dits ‟abordables‟. Le logement social, sous forme de logements à loyers modiques, de coopératives ou d’organismes sans but lucratif d’habitation, est le seul logement dont l’abordabilité est pérenne à long terme. Il n’est pas soumis aux lois du marché […] et garantit une sécurité d’occupation.

Catherine Lussier, organisatrice communautaire au Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)

Trop peu de HLM

Nombre de ménages sur la liste d’attente pour un logement dans un HLM : 23 360

Nombre de logements dans des HLM à Montréal : 20 810

Source : Office municipal d’habitation de Montréal

Pas de crise, selon les propriétaires de logements

Le marché est très serré dans plusieurs régions, mais pas à Montréal. En avril dernier, le taux d’inoccupation était sous 1 % dans toutes les régions, sauf deux : Québec (1,3 %) et l’île de Montréal (4,7 %), selon nos sondages. Les loyers ont augmenté, mais demeurent abordables. En 2010, le loyer d’un 4 ½ dans l’île de Montréal était 14 % moins cher que le loyer moyen au Canada. Il est maintenant 22 % moins cher. […] Les activistes et les élus de gauche veulent contrôler les prix des loyers, mais ne s’intéressent pas aux coûts pour les propriétaires. Il y a une explosion des coûts de main-d’œuvre, de matériaux, de primes d’assurance, de frais de gestion d’un immeuble.

Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ)

Un registre des baux…

Les trois principaux partis en lice aux élections municipales à Montréal proposent d’implanter un registre des baux. Cet outil permettrait de contrôler et de stabiliser le prix des loyers, font-ils valoir. Cependant, Ensemble Montréal prévoit un registre volontaire. Et Projet Montréal propose que cette mesure ne s’applique qu’aux édifices de huit logements et plus.

… et d’autres solutions

Projet Montréal

Le parti de la mairesse sortante, Valérie Plante, promet de construire 60 000 logements abordables au cours des prochaines années. Pour y arriver, la Ville utilisera des terrains municipaux ou achètera des terrains privés, à hauteur de 800 millions sur 10 ans, pour ensuite les prêter à très long terme à des OBNL et des promoteurs qui seront chargés de créer des projets de logements abordables. Projet Montréal prévoit l’ajout de 2000 logements sociaux par année, au cours des quatre prochaines années. Le financement pour le logement social dépend du gouvernement du Québec.

Ensemble Montréal

Le parti de l’ex-maire Denis Coderre s’engage à construire 50 000 logements au cours des quatre prochaines années, dont 10 000 logements sociaux. Plus l’offre sera grande, plus les prix diminueront, selon M. Coderre, qui mise aussi sur la création d’un « Fonds d’investissement d’impact de Montréal pour l’habitation sociale et communautaire ». Ce fonds, qui devra être de 25 millions dans la première année et de 100 millions dans la quatrième, recevra des contributions d’investisseurs institutionnels et des capitaux de la Ville de Montréal.

Mouvement Montréal

Le parti dirigé par Balarama Holness présente plusieurs propositions en lien avec le logement sur sa plateforme, publiée sur son site web : augmentation du budget consacré au logement social, création de 30 000 nouveaux logements locatifs abordables à proximité des principaux axes de transport, notamment pour les personnes vulnérables, crédit d’impôt provincial et fédéral pour les entrepreneurs qui travaillent avec la Ville à la construction de logements locatifs abordables, et plusieurs autres suggestions.