Le parti de Valérie Plante prévoit dégager des revenus d’environ 255 millions d’ici 2025, dont plus de 100 millions dans la dernière année du mandat, tandis que ses engagements coûteraient plus de 235 millions en incluant les frais d’emprunt. Les investissements dans de grands projets, eux, atteindront environ 1,6 milliard.

« C’est visionnaire, c’est pragmatique, c’est réaliste, et c’est collé sur les priorités des citoyens. C’est le miroir de leurs aspirations », assure la candidate Dominique Ollivier à propos du cadre financier de Projet Montréal, qui a été dévoilé vendredi. C’est elle qui sera la présidente du comité exécutif si l’administration Plante est réélue. Sa formation prévoit d’abord dégager 50 millions en quatre ans, dont 20 millions en 2025, en étendant la taxe foncière aux parcs de stationnement commerciaux extérieurs, une mesure qu’on ne retrouvait pas dans la plateforme dévoilée au début octobre.

« Ça va s’implanter de façon progressive sur l’ensemble de l’île, avec des taux qui devront certainement être différenciés sur des stationnements de grande surface, comme par exemple dans les centres d’achat. On va les implanter en partant des plus gros et en allant ensuite vers l’extérieur de l’île », précise Mme Ollivier. Plus de la moitié des revenus projetés par la formation, soit 150 millions d’ici 2025, proviennent d’une enveloppe « pour des nouveaux projets ». Cette enveloppe, explique le parti, est une somme « déjà budgétée mais pas encore allouée » pour anticiper des priorités « qui pourraient arriver » durant le mandat.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

La candidate de Projet Montréal Dominique Ollivier

On a prévu comme ça une provision qui s’accroît d’année en année de 15 millions, et on vient l’allouer à la réalisation de nos promesses.

Dominique Ollivier, candidate de Projet Montréal

Une taxe sur les investissements immobiliers étrangers, mise sur pied dès 2023, rapporterait aussi 6,3 millions à l’administration en quatre ans, pendant que les rentes du programme de logements abordables permettraient de dégager 12 millions. La modulation des droits de mutation, promise par Valérie Plante pour décourager les opérations d’achat-revente, rapporterait environ 3,4 millions dans la même période. Le parti estime par ailleurs être en mesure de dégager 18,7 millions en favorisant des « mesures d’optimisation organisationnelle » qui touchent essentiellement des dépenses courantes, comme des fournitures de bureau.

Pour ce qui est des dépenses en immobilisations, on prévoit un investissement net de 1,6 milliard. De cette somme, 800 millions iront à la construction de 60 000 logements abordables, 500 millions à l’intégration urbaine du REM de l’Est et 515 millions à l’implantation d’un budget participatif. Environ 45 millions iraient aussi à la sécurisation des rues et 30 millions serviraient à « accélérer les projets de bibliothèques », avec la même somme pour les centres sportifs et aquatiques.

Cadre « très conservateur », selon une experte

Selon l’experte en gestion municipale à l’UQAM Danielle Pilette, le cadre de Projet Montréal reste « très conservateur ». « Depuis trois ans, les excédents annuels moyens sont de 237 millions environ. Ce cadre-là s’inscrit exactement dans cette lignée, il est extrêmement prudent. On vise un peu à éviter les accusations de parti dépensier, finalement. On joue le plus prudemment possible », explique-t-elle.

« C’est-tu une joke ? », a réagi le candidat à la mairie, Denis Coderre évoquant la possibilité que ses adversaires « mentent, parce qu’ils incluent l’argent du provincial et du fédéral ». « La réalité, c’est qu’ils ont 250 engagements pour 10 672 millions », a-t-il dit. « De deux choses l’une : soit ils ont menti pendant toute la campagne, soit c’est la preuve qu’ils ne savent pas compter. »

M. Coderre, qui n’a pas encore dévoilé son cadre financier précis, a vanté les capacités de gestion de son équipe. « On a des gens qui savent compter, a-t-il attaqué. On va reprendre le contrôle des dépenses. À notre époque, on a fait monter la cote de crédit. Eux, ils sont sur le bord de la perdre. »

Transport et sécurité au cœur des dépenses

Côté dépenses, la mesure la plus coûteuse du cadre de Projet Montréal est l’implantation de laissez-passer de la Société de transport de Montréal (STM) à moitié prix pour les 12-17 ans. À elle seule, cette promesse phare de la campagne représente 50 millions sur quatre ans, dont 20 millions en 2025. Environ 42,5 millions iraient aussi à la mise en place de la gratuité des transports collectifs pour les 65 ans et plus.

Sans surprise, le remboursement de la dette accapare aussi une bonne partie des dépenses. Le parti prévoit débourser plus de 50 millions en quatre ans pour rembourser la dette en capital, ainsi que 12,3 millions pour payer les intérêts.

« Il faut voir ça comme le paiement de votre hypothèque, insiste Dominique Ollivier. Ça se fait sur toute une vie. Si on dégage des surplus ou qu’on trouve de nouvelles sources de financement, ça pourrait être plus. Il faudra donc s’ajuster selon la situation. »

L’administration Plante prévoit dépenser 30 millions pour « contrer la violence armée », à hauteur d’environ 7,5 millions par année. Fin septembre, le parti avait déjà promis un plan de 110 millions supplémentaires en sécurité d’ici 2025, dont 15 millions pour déployer l’Équipe mobile de médiation et d’intervention sociale (EMMIS) dans tous les arrondissements. Québec devrait toutefois financer une partie de ces fonds.

Quelques autres chiffres

24 millions

Somme projetée pour l’agrandissement prévu du Palais des congrès

57 millions

Budget dégagé pour « transformer des cours d’école asphaltées » en parcs locaux

5 millions

Somme nécessaire pour créer le programme « Accès-Locaux », qui a pour but de protéger les commerçants des hausses de loyer abusives

Avec Philippe Teisceira-Lessard, La Presse