Valérie Plante et Denis Coderre se sont tous deux dits opposés mercredi à une candidature conjointe de Montréal et Toronto pour y tenir des Jeux olympiques. La mairesse s’est toutefois montrée plus disposée à le faire, si toutes les conditions sont réunies.

« Si on veut les Olympiques, je veux avoir les détails du financement. Mais des Olympiques, de prime abord, oui, avec un côté pragmatique », a d’abord affirmé Mme Plante lors d’un débat organisé par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), en réponse à une question du modérateur Brian Myles, directeur du Devoir.

En point de presse après l’évènement, Mme Plante est revenue sur ses propos, en disant plutôt « fermer la porte » au projet, pour le moment. « J’ai répondu ça, parce que moi j’aime les Jeux olympiques, mais ce n’est pas dans cette direction que je veux amener Montréal », a-t-elle nuancé.

« On m’arriverait demain matin avec le fédéral et le gouvernement du Québec qui me diraient : “Pas de problème, on s’occupe de tout, tout est payé”, là, on commencerait à jaser. Mais on est loin d’avoir un projet sur la table », a-t-elle encore insisté, avant de conclure : « Il y a trop de si pour se rendre à ça, donc je vais vous dire non. »

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Valérie Plante

En février, La Presse révélait que le Comité olympique canadien (COC) étudiait la possibilité de présenter une candidature Montréal-Toronto pour l’organisation des Jeux olympiques d’été. Jusqu’ici, aucune date n’a été avancée, mais le COC a fait part de son « désir de ramener les Jeux au Canada dès les années 2030 ».

Denis Coderre, lui, soutient que Montréal « a déjà donné » et qu’il faut plutôt « miser sur une stratégie d’évènements internationaux ». Il s’est toutefois dit ouvert à continuer de recevoir de « grands championnats du monde » et en réitérant sa volonté d’« assurer la vocation du Parc olympique ».

« Vous avez vu depuis les Jeux de Sotchi comment c’est épouvantable, les coûts », a-t-il soutenu après le débat, en plaidant pour une « stratégie d’infrastructures locales » pour les jeunes Montréalais, notamment. « Je pense qu’on a d’autres choses à faire, on a d’autres façons d’investir », a illustré M. Coderre.

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Denis Coderre

Attaques croisées sur l’international

En marge du débat, les deux candidats à la mairie se sont par ailleurs lancé de vives attaques sur le rayonnement de Montréal à l’international. « Si on veut recevoir la visite, il faut commencer par faire le ménage. Quand t’arrives à Montréal, assurez-vous donc que ce soit propre. […] J’aime beaucoup Beyrouth, mais je ne veux pas toujours ressembler à certaines de ses conséquences de la guerre civile. Il y a des trous, il y a des choses qu’on doit régler », a d’abord lancé Denis Coderre. « C’est une comparaison insultante pour le peuple libanais », lui a rétorqué la mairesse sortante, l’accusant ainsi de comparer « l’état des routes » montréalaises à « une ville qui a vécu la guerre ».

Les deux ont ensuite débattu sur la manière d’arriver à faire rayonner Montréal sur la scène mondiale. « Il faut que la ville ne se comporte pas comme un village, mais comme une métropole », a fait valoir M. Coderre, ajoutant que Montréal devait affermir sa présence diplomatique dans le monde et protéger sa mainmise sur des sièges sociaux d’organisations comme l’Agence mondiale antidopage ou l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).

« Si on ne s’en mêle pas, on va perdre l’Agence mondiale antidopage », a persisté M. Coderre, en se disant inquiet que l’Association du transport aérien international (IATA) donne à terme moins d’importance à son bureau montréalais, siège social depuis sa fondation en 1945, au profit de son siège exécutif, à Genève, en Suisse.

Valérie Plante a de son côté choisi de miser sur la position de leader écologique de la ville pour assurer son rayonnement, citant le fait que Montréal a été la seule ville à s’exprimer au sommet de l’ONU sur le climat, en 2019. Elle a affirmé que les projets de « transports collectifs, le REM de l’Est et le prolongement de la ligne bleue » joueront en ce sens, en plus de permettre une meilleure qualité de vie. « Montréal est en train de devenir une ville verte. […] Il y a de plus en plus de touristes qui viennent pour ça », a-t-elle dit, en plaçant la transition écologique comme un must-have pour une ville.

« Ce n’est pas qui tu es, c’est qui tu connais », a ensuite décoché M. Coderre, en voulant se montrer expérimenté et connu sur la scène internationale. « Moi, je ne fais pas du name-dropping pour montrer que je parle à des gens. Je ne me valide pas en fonction des gens à qui je parle », a répliqué Mme Plante.

Avec La Presse Canadienne