Jugeant qu’elle représente un « symbole négatif » pour les communautés, le candidat à la mairie de Montréal Denis Coderre propose de retirer la clôture qui sépare la Ville de Mont-Royal et le quartier Parc-Extension. Il s’engage du même coup à verdir le boulevard de l’Acadie tant du côté est que du côté ouest et à y réduire la limite de vitesse.

« C’est un symbole négatif, donc je pense que ce serait une belle opportunité de se dire : pensons sur l’ensemble du projet et déterminons s’il y a des irritants qu’on peut régler en même temps », a expliqué M. Coderre, mardi matin, en disant vouloir un projet structurant pour s’assurer d’une « justice environnementale » dans Parc-Extension.

M. Coderre admet d’ailleurs que le « problème de vitesse » sur le boulevard de l’Acadie doit être réglé d’urgence. « Je parlais avec des policiers tantôt qui me disaient que c’est plus qu’une autoroute. C’est vraiment dangereux. Quand tu vas du centre Rockland jusqu’ici, c’est l’enfer », a-t-il noté.

En plus de retirer ladite clôture, son parti compte « resserrer » les voies de circulation pour aménager des « bandes végétalisées » au centre du boulevard et à l’est, du côté de Parc-Extension. M. Coderre promet toutefois que le stationnement sera maintenu « des deux côtés de la rue ». La vitesse maximale serait aussi réduite à 40 km/h.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Denis Coderre (au centre) admet que le « problème de vitesse » sur le boulevard de l’Acadie doit être réglé d’urgence.

À ses côtés, le candidat à la mairie de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, Guillaume Lavoie, a affirmé que cette clôture est devenue « un symbole qui exaspère et augmente la tension entre la communauté, des deux côtés de l’Acadie ». Il affirme qu’il est plus possible que jamais de repenser ce boulevard, « l’un des pires legs des années 1970 », pour en faire « un boulevard urbain moderne », a-t-il soulevé.

Il y a une épicerie du côté de Mont-Royal, donc en partant, l’expérience piéton pour tout Parc-Extension, elle est extraordinairement périlleuse.

Guillaume Lavoie, candidat à la mairie

La conseillère du district de Parc-Extension, Mary Deros, qui est en politique municipale depuis 1998, est favorable au retrait de cette clôture. « Ça ne nous rend pas heureux. Il y a eu beaucoup d’efforts, mais on n’a jamais réussi à la faire enlever, a-t-elle remarqué. Nous avons besoin d’être fiers aussi. Oui, il y a une grande diversité dans notre quartier, mais on a aussi besoin d’amour et d’attention par la ville-centre. »

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a réagi positivement à la proposition de son adversaire, tout en faisant valoir qu’il s’agissait d’un « réveil tardif » à l’écologie. « Toutes les opportunités qu’on a de défaire des fractures, c’est important. Après ça, il faut réfléchir aussi à l’aménagement », a-t-elle dit.

« Résultat de quelque chose »

Joint par La Presse, le maire sortant de Mont-Royal, Philippe Roy, accueille la proposition avec enthousiasme, mais rappelle que cette clôture appartient à sa municipalité, à qui il appartiendra donc de trancher ultimement dans ce dossier.

Chose certaine : cette barrière physique « est le résultat de quelque chose », selon l’élu. « L’Acadie, c’est une autoroute à six voies, avec des gens qui conduisent parfois au-dessus de 100 km/h en pleine zone résidentielle. C’est complètement inacceptable. Si Denis Coderre veut revoir tout le secteur, on va être les premiers à applaudir, pour autant que ça inclue une façon de réduire le bruit et la vitesse », ajoute-t-il.

M. Roy, qui est à la tête de la Ville de Mont-Royal depuis plus de dix ans, a annoncé il y a quelques mois qu’il ne se représentera pas. Il espère toutefois que le remplacement de la clôture sera fait de façon intelligente, après son départ. « Ça prend quelque chose de beaucoup plus vert. Par exemple, une piste cyclable ou un lien avec le métro. On a constamment avancé des idées de notre côté au fil des années, mais chaque fois, on n’avait pas de suivi de la ville-centre », peste-t-il.

« J’irais plus loin : il faut vraiment revoir tout ce tronçon. Et alors, avec une réflexion complète, effectivement, la clôture pourrait ne plus avoir sa raison d’être », conclut le maire à ce sujet.

Avec Philippe Teisceira-Lessard, La Presse