Des centaines de personnes se sont réunies samedi pour s’opposer au projet de terminal de transbordement de conteneurs de la société Ray-Mont Logistiques, dans le secteur d’Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal. Un projet qui aurait des conséquences importantes sur l’environnement et la qualité de vie des résidants du quartier, ont plaidé les manifestants.

Sous le soleil, la place Simon-Valois était bondée de citoyens, enfants comme adultes. Plusieurs brandissaient des pancartes où on pouvait lire « Justice climatique pour Hochelaga-Maisonneuve » ou « Bernaches contre RML ».

Les résidants du quartier craignent que le projet, sur l’ancien terrain d’une fonderie, entre les rues Viau et Dickson près de la rue Notre-Dame Est, n’entraîne des nuisances – bruit, poussière, pollution lumineuse, création d’un îlot de chaleur –, selon l’association Mobilisation 6600 Parc-Nature, qui a organisé l’évènement.

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Manifestation contre le projet de terminal de transbordement de Ray-Mont Logistiques, samedi, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve

Josée Turcotte habite « juste à côté » du terrain où serait développé le projet de Ray-Mont Logistique, avec ses deux enfants. « On est inquiets. Est-ce qu’on va devoir quitter le quartier ? Est-ce qu’on va rester ? », se demandait-elle.

Philippe Voyer demeure près du terrain de Ray-Mont Logistiques, où il aimait se promener.

C’est aberrant de voir qu’on va mettre de l’asphalte, empiler des conteneurs, puis pourrir la qualité de vie des gens. Je trouve que c’est important qu’on se mobilise.

Philippe Voyer, manifestant

« On veut mieux pour notre quartier », a dit Cassandre Charbonneau-Jobin, membre de Mobilisation 6600, vêtue d’un t-shirt blanc où était inscrit le slogan des manifestants, « résister et fleurir ».

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Cassandre Charbonneau-Jobin, membre de Mobilisation 6600 Parc-Nature

Le but de la mobilisation était d’« envoyer un message très clair à tous les paliers politiques que Mercier–Hochelaga-Maisonneuve a besoin d’un développement sain, écologique et qui sert la communauté », a déclaré Mme Charbonneau-Jobin.

Transbordement

Ray-Mont Logistiques souhaite effectuer du transbordement de marchandises qui arrivent par train comme par bateau, son terrain étant situé à proximité d’une gare du CN et du port de Montréal. L’entreprise a acquis le site en 2016.

Dans un communiqué diffusé samedi, Ray-Mont Logistiques a rappelé qu’elle souhaitait développer son projet « de manière respectueuse et en harmonie avec le secteur ».

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Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

De nombreux politiciens étaient sur place. Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a réitéré son intention de demander que le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) se penche sur le projet.

Le député d’Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, a également pris la parole au côté du porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois. « Ça urge, il y a déjà des travaux qui ont commencé », a lancé M. Leduc en précisant avoir déposé une pétition de près de 8000 noms demandant une évaluation des impacts environnementaux du projet.

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Alexandre Leduc, député d’Hochelaga-Maisonneuve, et Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire

La mairesse sortante de Montréal, Valérie Plante, a d’ailleurs envoyé jeudi une lettre au ministre de l’Environnement, Benoit Charette, lui demandant d’évaluer la possibilité de soumettre le projet à une vérification du BAPE.

Le maire de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais, s’est aussi dit à l’écoute des préoccupations des citoyens. « On est très préoccupés pour la qualité de vie dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve », a-t-il déclaré.

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Le terrain de Ray-Mont Logistiques, situé à proximité d’une gare du CN et du port de Montréal

Mécontentement depuis plusieurs années 

Le projet est rapidement devenu impopulaire auprès des citoyens. L’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve a refusé d’accorder un permis au promoteur en 2017. Un an plus tard, la Cour supérieure et la Cour d’appel du Québec ont accordé à Ray-Mont Logistiques la permission de mener à bien son projet.

En mars dernier, la société a intenté une poursuite de 373 millions de dollars contre la Ville de Montréal, en raison des pertes financières qu’elle avait subies lors du processus judiciaire. Les avocats de Ray-Mont Logistiques estiment que la Ville était de mauvaise foi en refusant un permis à l’entreprise en premier lieu.

Toutefois, le Réseau express métropolitain (REM) de l’Est vient complexifier le projet de Ray-Mont Logistiques. Le tracé des rails empiéterait sur la propriété de l’entreprise, de sorte que 36 % du terrain a été placé sous réserve foncière.

Avec Bruno Bisson et Philippe Teisceira-Lessard, La Presse