Denis Coderre s’est défendu de tenir son élection pour acquise, vendredi, quelques heures après avoir été qualifié de présomptueux par la mairesse de Montréal.

La campagne électorale municipale a démarré sur les chapeaux de roues, vendredi matin dans la métropole, avec des démonstrations de force des deux principaux aspirants. Depuis le coucher du soleil la veille, des milliers de pancartes ont fait leur apparition sur les poteaux partout sur l’île.

En début d’après-midi, Denis Coderre s’est rendu à l’hôtel de ville de Montréal pour déposer officiellement sa candidature. Sur le parvis, document en main, il s’est dit ému, revenant sur sa traversée du désert dans la foulée de sa défaite de 2017. « J’ai broyé du noir », a-t-il dit, soulignant que cette tentative de retour faisait partie de son « parcours de résilience personnelle ».

Malgré les sondages qui lui donnent une longueur d’avance, l’ex-maire a juré qu’il ne se reposerait pas sur ses lauriers jusqu’au 7 novembre prochain, jour du scrutin.

Je ne prends rien pour acquis. J’ai déjà gagné, j’ai déjà perdu. Mais je crois que Montréal mérite mieux. [...] Les gens veulent de l’espoir. Ils veulent de la compétence, de l’assurance.

Denis Coderre, candidat à la mairie de Montréal

En soirée, les troupes de M. Coderre tenaient un rassemblement militant dans une salle du centre-ville de Montréal. Le chef d’Ensemble Montréal a annoncé de nouvelles candidatures locales dans le Sud-Ouest et Ahuntsic, en plus de désigner une élue de Montréal-Nord comme colistière – le siège qu’il pourrait occuper s’il perd la mairie.

Projet Montréal « gonflé à bloc »

La journée s’était ouverte avec des attaques acerbes de la mairesse de Montréal envers son principal opposant.

Valérie Plante a lancé sa campagne en matinée dans le Vieux-Port de Montréal en faisant le bilan de ses quatre années à l’hôtel de ville. Elle n’a pas révélé de nouveaux engagements, promettant plutôt de les annoncer au cours des prochaines semaines.

« On est gonflés à bloc », a-t-elle dit, en sortant d’un caucus avec ses candidats.

La mairesse en a surtout profité pour passer à l’attaque contre son vis-à-vis, Denis Coderre. Elle tente de le dépeindre comme le candidat du passé, alors qu’elle se présente comme la mairesse du progrès.

« Le retour de Denis Coderre a vraiment clarifié le choix que les Montréalaises et Montréalais devront faire le 7 novembre prochain : on continue d’avancer avec Projet Montréal ou on recule avec Denis Coderre », a-t-elle asséné, revenant sur les positions d’Ensemble Montréal sur la préservation des espaces verts et sur les pistes cyclables.

« Il n’a pas changé : clairement, Denis Coderre est revenu en politique parce que clairement il n’a pas digéré sa défaite de 2017 », a-t-elle lancé, flanquée de ses têtes d’affiche – des candidats vedettes et des maires d’arrondissement.

[Denis Coderre] prend pour acquis que c’est à lui, ce poste-là [de maire].

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Mme Plante reproche aussi à M. Coderre de nuire à l’image de Montréal auprès des touristes et des investisseurs en qualifiant souvent la métropole de ville violente depuis le début de la flambée des évènements impliquant des armes à feu.

« Montréal est une ville qui a perdu sa sécurité », a affirmé l’ex-maire quelques heures plus tard, refusant totalement de se rétracter. Il a rappelé que mercredi après-midi, une fusillade s’était produite par hasard à une cinquantaine de mètres de lui, dans le quartier Saint-Michel. « On tire en plein jour. Ce n’est pas juste en pleine nuit », a-t-il dénoncé. « Dans la vie, il faut appeler un chat un chat. […] Il faut reconnaître la situation qu’on a présentement. Il y a un problème de sécurité. »

Il a aussi fait valoir que l’insécurité allait être au centre de la campagne électorale.

Woke ou non ?

Signe des temps, les deux candidats se sont vu demander s’ils adhéraient au courant woke, épithète utilisée par François Legault pour qualifier le député Gabriel Nadeau-Dubois plus tôt cette semaine.

Valérie Plante a affirmé qu’elle laissait aux autres le soin d’analyser son positionnement politique. « Si les gens veulent dire que je suis woke ou que je ne suis pas woke, qu’ils le fassent », a-t-elle répondu. « Moi, je considère que je suis une femme pragmatique, sensible, humaniste. » Elle a par ailleurs souligné qu’elle ne cachait pas les convictions écologistes et féministes de son parti.

Denis Coderre s’est plutôt dit awake (éveillé). Il a refusé de renvoyer l’épithète à son opposante.