Le conflit autour d’un futur terminal de transbordement dans Hochelaga-Maisonneuve vient de prendre une tournure inquiétante : des écologistes ont récemment incendié de la machinerie de chantier et le promoteur dit craindre pour sa sécurité devant cette « radicalisation violente ».

Le projet industriel de Ray-Mont Logistiques rue Notre-Dame Est fait face à une forte opposition citoyenne depuis plusieurs années. La tension est toutefois montée de plusieurs crans ces derniers jours parce que « plusieurs actes de vandalisme et méfaits » ont été commis sur le chantier, selon l’entreprise.

Au premier chef : des équipements lourds incendiés dans la nuit du 25 au 26 août, selon une lettre de revendication publiée sur une plateforme où des militants d’extrême gauche se vantent de leurs actions illégales.

« Le chantier doit cesser immédiatement et nous nous attèlerons à cette tâche », écrivent les auteurs de l’attaque dans le court texte. « Laissez donc les peupliers et les poissons tranquilles ! […] Une balade en forêt vous fera réaliser qu’en votre béton il n’y a point de vie. »

Dans une lettre transmise par l’entreprise à la mairesse de Montréal et au maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve – que La Presse a obtenue, le président de Ray-Mont Logistiques confirme ces attaques.

La sécurité et l’intégrité physique des travailleurs actuellement à l’œuvre pour réaliser le Plan de réhabilitation environnementale s’en trouve sérieusement compromise. La lettre anonyme […] vise aussi notre direction et constitue une menace ouverte et directe envers l’entreprise et son personnel.

Charles Raymond, président de Ray-Mont Logistiques, dans une lettre transmise à la Ville de Montréal

M. Raymond a refusé la demande d’entrevue de La Presse. Sa lettre demande aux élus de lancer un appel au calme.

Les attaques dénoncées

« Nous condamnons évidemment tout acte de vandalisme », a réagi le cabinet de la mairesse Plante dans une déclaration écrite.

Du côté de l’association Mobilisation 6600 Parc-Nature, opposée au projet de terminal de transbordement, on se dissocie des évènements des derniers jours.

« Nos méthodes d’action sont pacifiques et vont le rester », a commenté la porte-parole Cassandre Charbonneau-Jobin. Les attaques incendiaires ne font absolument pas partie de l’arsenal du groupe, a-t-elle juré : « On va à la rencontre des gens, on passe des pétitions, on informe les gens. »

Le projet de Ray-Mont Logistiques – une installation où des marchandises arrivées en vrac par train seraient placées dans des centaines de conteneurs chaque jour – suscite de l’inquiétude et de l’opposition dans le quartier en raison de sa proximité avec des zones résidentielles. Les voisins craignent les impacts d’une valse incessante de camions et de trains, la pollution de l’air, ainsi que l’apparence visuelle du site.

L’administration Plante s’est elle aussi opposée au projet, mais a perdu sa bataille devant les tribunaux pour tenter de bloquer le chantier. Depuis, les acteurs du dossier tentent de trouver un terrain d’entente. Ray-Mont Logistiques a lancé une poursuite en dommages de 373 millions contre la Ville de Montréal.

Le terrain choisi, à proximité immédiate du port de Montréal, est très fortement contaminé parce qu’il accueillait auparavant une fonderie.