La mairesse de Montréal, Valérie Plante, demande aux partis fédéraux de fournir leur « plan de match » pour s’attaquer à la circulation des armes à feu dans la métropole et restreindre leur circulation. Elle réclame notamment l’interdiction de la possession d’armes de poing.

« Je veux lancer un message très clair. La hausse des incidents violents que nous constatons à Montréal et ailleurs au Canada dépasse les frontières de nos juridictions. Ça nécessite une action structurée, coordonnée et concertée. Tous les paliers doivent s’y mettre et traiter cet enjeu comme il l’est, c’est-à-dire un enjeu national », a expliqué Mme Plante devant l’hôtel de ville, en après-midi.

Elle affirme que « la circulation des armes n’a pas de frontières » et que « des actions immédiates sont absolument nécessaires ». L’escouade pour lutter contre le trafic d’armes à feu annoncée au début août, avec la Sûreté du Québec (SQ) et le SPVM, « est un premier pas important », selon la mairesse, qui estime toutefois que cette équipe ne donnera que des « coups d’épée dans l’eau » tant qu’une surveillance des armes aux frontières ne sera pas plus accrue.

Son administration réclame entre autres l’interdiction de la possession d’armes de poing et d’assaut, la mise en place d’un programme obligatoire de rachat d’armes à feu ainsi qu’un « meilleur contrôle des armes à feu à la frontière ».

La Ville presse aussi Ottawa de financer à la hauteur de cinq millions les organismes communautaires qui travaillent en prévention de la criminalité. Avec la dissolution du Parlement, le projet de loi C-21 – qui aurait permis au gouvernement de racheter les armes à feu de type arme d’assaut entre les mains des propriétaires – est « mort au feuilleton », dénonce la mairesse. « Déjà, ce projet n’était pas à la hauteur des besoins, parce que oui il y a les armes d’assaut, mais il y a aussi les armes de poing. Et présentement, ce qui circule dans les rues, ce sont les armes de poing », a-t-elle martelé.

Encore des solutions au REM aérien ?

Valérie Plante est aussi revenue sur le tracé du REM aérien dans l’Est, qui continue de soulever des débats à Montréal. « On a mis en place un comité d’experts indépendants et c’est important qu’il puisse se prononcer, être libre de paroles. Cela dit, la CDPQ ne leur a présenté que le scénario en aérien, donc ce serait difficile pour eux de dire si l’autre modèle est mieux », soutient-elle.

Lundi, La Presse rapportait qu’à Vancouver, les autorités locales ont rejeté l’idée de construire un métro aérien au cœur de la ville, pour prolonger du SkyTrain, une situation qui montre selon la mairesse que d’autres avenues existent.

Il existe des solutions. Et les préoccupations démontrent qu’il faut vraiment avoir le meilleur projet possible.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Parmi ses autres demandes, on retrouve des investissements pour la relance et le développement économique, l’habitation et les infrastructures publiques, les transports collectifs, la lutte aux changements climatiques et les inégalités sociales. « Il faut réparer les impacts de la crise sur le transport, l’achalandage au centre-ville et les industries créatives et touristiques qui peinent toujours », affirme Mme Plante.

« On vit une crise du logement sans précédent. La surchauffe immobilière exerce des pressions importantes sur les futurs acheteurs et affecte sérieusement les conditions d’accès à la propriété », a-t-elle renchéri, en appelant à accélérer la construction de logements abordables et sociaux. Elle presse enfin les partis fédéraux « d’ajouter des sommes pour la décontamination » des terrains dans l’est, pour laquelle Québec et Montréal ont déjà signé une entente de 200 millions. « Décontaminer des grands sites peut prendre facilement de cinq à dix ans, voire 15. Avoir les sommes maintenant, c’est important », dit-elle.

Une autre intrusion

Le même homme s’opposant aux mesures sanitaires qui s’était introduit sans autorisation dans un point de presse du ministre de la Santé, Christian Dubé, s’est de nouveau présenté mardi au point de presse de la mairesse Plante, pour lui demander « d’exiger un débat » sur le passeport vaccinal. Son intervention a forcé le déplacement des médias à l’intérieur de l’hôtel de ville. « On est dans une démocratie et les gens ont le droit de s’exprimer […], mais je ne partage pas son opinion. Je me base sur les faits et la science », a rétorqué la mairesse peu après, en réitérant ses appels à la vaccination dans la population. Il y a deux semaines, dans la foulée de l’intrusion de cet homme, François Legault avait promis que la sécurité serait « renforcée » aux abords des points de presse.